De notre envoyé spécial à Johannesburg,
« Le football est un jeu qui se joue à onze, et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. » Cette célèbre maxime de l’ancien attaquant anglais Gary Lineker aurait pu être mise à l'épreuve dans ce 8e de finale Angleterre-Allemagne, ce dimanche à Bloemfontein, si un incident de jeu majeur n’avait changé le cours du match. Après quelques belles erreurs d’arbitrage dans ce Mondial, l’Uruguayen Jorge Larrionda a remporté la palme : il restera dans les mémoires pour avoir refusé un but on ne peut plus valable. Sans cette décision, nul ne sait si la victoire allemande (4-1) aurait été si nette.
Les Anglais n'y arrivent pas
Après un début prudent de part et d’autre, ce choc entre deux grandes nations du football penche d’abord en faveur de l’Allemagne. A la 5e minute, Mesut Özil part en contre et échoue de peu devant David James, le gardien anglais, dans un angle fermé. Et alors que l’Allemagne tient régulièrement le ballon dans le camp adverse, un long dégagement de son portier Manuel Neuer est récupéré par Miroslav Klöse qui prend l'arrière britannique Matt Upson de vitesse pour se retrouver seul devant James. En se jetant sur le ballon le pied en avant, l’attaquant du Bayern Munich ouvre le score : 1-0 (20e).
La réaction anglaise est timide, par Gareth Barry qui tire de 20 mètres sur Neuer (25e). L’Angleterre n’y arrive pas, reproduisant le jeu indigent qu’elle a souvent offert depuis le début de ce Mondial. L’Allemagne, de son côté, gère tranquillement son avance et procède par des contres assassins, comme sur cette ouverture de Thomas Müller pour Klöse, auteur d’un bel appel croisé, que James repousse du pied (31e). Une minute plus tard, c’est encore Müller qui décale Lukas Podolski sur la gauche de la surface. Dans un angle fermé, le joueur de Cologne trouve le filet anglais : 2-0. A ce stade, il paraît évident que les Allemands s’acheminent vers une victoire facile, sans opposition.
L'Angleterre se révolte
Puis l’Angleterre sonne enfin l’heure de la révolte. Et le match de s’emballer car, de leur côté, les Allemands se montrent toujours aussi incisifs en attaque. Frank Lampard se jette sur un centre et Neuer repousse miraculeusement (35e) ; Klöse récupère un ballon à deux mètres de la ligne et échoue devant James (36e). A la 37e minute, un centre de Steven Gerrard atterrit sur la tête d’Upson, que Jerome Boateng, les pieds dans le ciment, regarde pousser le ballon dans le but de Neuer, sorti à contre-temps : but pour l'Angleterre.
A 2-1, l’espoir renaît dans le camp anglais. La réussite qui a fui Lampard depuis le début du tournoi lui sourit enfin : son tir de 16 mètres touche la barre et rebondit largement à l’intérieur du but (38e). L’Anglais lève les bras pour célébrer sa réalisation, mais de manière incompréhensible, l’arbitre considère que le ballon n’a pas franchi la ligne. C’est la plus grande erreur d’arbitrage depuis le but de Geoff Hurst en 1966… déjà lors d’un Angleterre-Allemagne ! Durant une fin de première mi-temps débridée, Podolski se montre une nouvelle fois menaçant côté allemand, tirant de peu à côté (38e).
L'Allemagne intenable en contres
Avide de revanche sur le sort, l’Angleterre débute bien la seconde mi-temps. Lampard, très présent aujourd’hui, place un coup franc de 30 mètres sur la barre. Le gardien allemand était largement battu (52e). Neuer se reprend bien cinq minutes plus tard en sortant au pied devant la menace Jermaine Defoe.
A l’heure de jeu, la partie est de nouveau très alerte, tant côté allemand qu'anglais : Müller s’ouvre bien le chemin du but, à 16 mètres de la ligne, mais place un pointu qui passe à côté (59e) ; bien servi par Wayne Rooney, James Milner tire en force, Boateng repousse du dos (61e) ; Bastian Schweinsteiger croise bien un tir qui passe de peu à côté (63e). Ce sont finalement les Allemands qui vont alourdir la marque sur un contre mené à cent à l’heure : Müller, dans son camp, donne pour Schweinsteiger qui avance et remet sur Müller, déjà parvenu dans les seize mètres adverses : le tir imparable du milieu munichois prend James à contre-pied : 3-1 (66e).
La défense anglaise dépassée
Intenable, Müller place encore un extérieur du pied droit à l’entrée de la surface qui manque le cadre (69e). Puis sur un nouveau contre ultra rapide, Özil s’échappe sur la gauche, franchit cinquante mètres balle au pied, entre dans la surface pour servir Müller sur un plateau : 4-1 (70e). A défaut de refléter la physionomie du match, ce score sévère entérine les trop nombreux errements d’une défense anglaise manquant de concentration dans le placement et trop souvent prise de vitesse par des Allemands très justes dans leurs attaques.
En fin de match, en l’absence de tout suspense, les Allemands jouent à la passe à dix tandis que les Anglais lancent de timides attaques sans plus y croire. Seul un tir de Gerrard des seize mètres oblige Neuer à détourner du bout des gants (81e). La victoire allemande ne souffre finalement pas de contestation. Ils rencontreront, le 13 juillet au Cap, le vainqueur d’Argentine-Mexique. L’histoire retiendra la monstrueuse erreur d’arbitrage de M. Larrionda… à 2-2 à la mi-temps, tout aurait été si différent. On aurait enfin su si, à la fin, ce sont toujours les Allemands qui gagnent !