L’Angleterre et les Etats-Unis sont deux pays séparés par la même langue. Cet aphorisme bien connu- quoiqu’un peu exagéré - s’applique à merveille au football, dénommé soccer de l’autre côté de l’Atlantique où l’on joue sur un « field » et non pas sur un « pitch ». Dès l’annonce du tirage au sort, les supporters des deux pays – les plus nombreux, par parenthèse, à avoir fait le déplacement en Afrique du Sud - avaient entouré la date du 12 juin sur leur calendrier. Certains avaient même créé un groupe sur le réseau Facebook dès le mois de décembre dernier. Enjeu : la terminologie même du foot jusqu’à la fin des temps.
Gerrard frappe d'entrée
En cas de victoire américaine, les Anglais auraient eu pour obligation d’appeler le football « soccer » dans leur pays. C’était un pari pour rire, bien entendu, et personne ne l’a gagné samedi soir à Rustenburg. La rigolade n’a d’ailleurs pas duré bien longtemps pour les Américains. La partie avait à peine débuté depuis 4 mn que Steven Gerrard concrétisait la première occasion anglaise sur une remise d’Emile Heskey. En 2006, les Yankees avaient encaissé leur premier but du Mondial après 5 mn contre les Tchèques. Quatre ans plus tard, ils battaient leur record de la pire des façons.
Passée cette entame catastrophique, c’étaient pourtant les hommes de Bob Bradley qui se créaient le plus d’occasions. Peut-être en proie au doute, Fabio Capello décidait même de procéder à son premier remplacement dès la 30e mn en faisant entrer Shaun Wright-Phillips à la place de James Milner, averti 4 mn plus tôt par l’arbitre. Le changement n’apportait rien à son équipe. Pire, les Etats-Unis égalisaient dix minutes plus tard grâce à une énorme faute du gardien de West Ham, Robert Green, qui relâchait le ballon sur un tir à ras de terre du milieu de Fulham, Clint Dempsey (1-1).
Balle de match pour Altidore
Craint comme la peste par les Américains et star annoncée du mondial avec Lionel Messi et les Espagnols, Wayne Rooney n’avait guère justifié sa réputation jusque-là. Le miracle de 1950 – victoire 1-0 sur l’Angleterre lors de la seule confrontation des deux pays en phase finale – semblait donc à portée de crampons pour les Etats-Unis à l’amorce de la deuxième période. Ils en étaient tout près à la 64e mn lorsque Jozy Altidore échappait à Jamie Carragher côté gauche. Mais le tir de l’attaquant d’origine haïtienne était repoussé sur le poteau par Green.
A un quart d’heure de la fin, les Anglais prenaient l’ascendant et trouvaient enfin des failles dans la défense américaine grâce à Rooney et Crouch, entré en jeu à la place d’Heskey. Le forcing ne durait guère plus de dix minutes cependant et la partie s’achevait sur un nul. A défaut d’avoir créé l’exploit, les Américains – dont la moitié de l’effectif évolue en Premier League - ont assuré un résultat qui leur permet d’envisager la suite avec confiance. Malgré leurs débuts décevants, les Anglais n’ont pas réalisé une mauvaise affaire au strict plan comptable. Mais ils n’ont pas fait grand-chose non plus pour justifier leur statut de finalistes potentiels de ce Mondial 2010.