Battue par le Brésil, la Côte d’Ivoire n'est pas tirée d'affaire

Supérieur dans tous les domaines, le Brésil s’est logiquement imposé, ce soir à Johannesburg, face à la Côte d’Ivoire (3-1), où Didier Drogba a tenu sa place d’entrée. Les hommes de Dunga sont désormais qualifiés pour la suite de la compétition. Pour les Eléphants, si rien n’est perdu, l’affaire est toutefois mal engagée.

Depuis plus de six mois, toute la Côte d’Ivoire attendait ce rendez-vous avec le Brésil, en deuxième match de poule du Mondial 2010, au Soccer City de Johannesburg. D’abord parce qu’une rencontre face au quintuple champion du monde est toujours un événement. Ensuite parce qu’elle permet de savoir à quel niveau on se trouve dans la hiérarchie du football. En concédant une défaite (1-3) qui ne souffre aucune contestation, les hommes de Sven-Göran Eriksson en savent désormais plus sur eux-mêmes : ils ne seront pas champions du monde, peut-être ne passeront-ils même pas le premier tour.

Le Brésil marque contre le cours du jeu

Tout n’a pourtant pas été mal dans ce match. Avec le retour de Didier Drogba d’entrée de jeu – à la place de Gervinho –, les Eléphants affichent dès le début une envie de bien faire. Très actifs en milieu de terrain, ils ne sont pas impressionnés par leur adversaire prestigieux ni par les 84.000 spectateurs qui remplissent le plus grand stade de la compétition.

Entreprenants, ils dominent même le premier quart d’heure. Le gardien brésilien Julio Cesar étant obligé de sortir au poing dans la mêlée sur un coup franc d’Eboué excentré (14e). Quelques minutes plus tard, c’est au tour de son vis-à-vis Barry, de se mettre en évidence sur corner. Malheureusement pour lui, son prochain ballon, c’est au fond de son propre but que le goal ivoirien va le chercher. A la 25e minute, Kaka glisse le cuir à l’entrée de la surface, côté droit, pour Luis Fabiano qui élimine Kolo Touré et frappe en force sous la barre dans un angle fermé (1-0).

Ce but contre le cours du jeu va totalement changer la physionomie du match. En confiance, les Brésiliens procèdent alors par petites touches, accélérant parcimonieusement sans rien céder défensivement. A l’inverse, les Ivoiriens sont coupés dans leur élan. Le premier tir cadré pour les Eléphants intervenant à la 38e minute : une tentative bien molle de Dindane. A la 40e, un nouveau tir d’Eboué est contré. Si la Côte d’Ivoire se remet à jouer juste avant la pause, elle ouvre des espaces pour un Brésil qui fait valoir sa technique collective en mouvement.

Le Brésil frappe toujours trois fois

Avec un but de retard au retour des vestiaires, les coéquipiers de Drogba auraient pu y croire. Pour cela, il aurait fallu d’un peu de temps et d’un peu de réussite. La confiance revenue, tout aurait été possible. Seulement, le Brésil va marquer dès la 49e minute. Luis Fabiano, encore lui, se jouant de Zokora et Tiéné : coup du sombrero, une fois, deux fois, amorti de la poitrine (et du bras, que l’arbitre français Stéphane Lannoy ne voit pas), et reprise de demi-volée : un but à la brésilienne qui sonne le glas des espoirs ivoiriens.

A 2-0, les Brésiliens laissent venir sans se mettre en danger. Une tête de Drogba passe de peu à côté (52e) et une remise de Kalou, trop forte, ne trouve pas Gervinho, tout juste entré en jeu, à la conclusion d’un beau mouvement collectif (59e). C’est peu mais cela permet de se remettre dans le sens de la marche.

Et à nouveau, voilà le faible élan ivoirien stoppé par les accélérations bien dosées du Brésil. Si une première combinaison Kaka-Robinho échoue (60e), la suivante fait mouche : débordement de Kaka sur la gauche, centre en retrait pour Elano. Le joueur de Galatasaray, qui a semé Tiéné en route, se présente seul face à Barry qu’il bat du plat du pied (61e). A 3-0, la note est salée pour les Ivoiriens. Certes, ils se trouvent régulièrement dépassés par les mouvements offensifs adverses, bien orchestrés par un Kaka retrouvé, mais ils ne méritent en aucun cas un score synonyme de débacle.

Fin de match houleuse

Atteints au moral, les Eléphants commettent des fautes (Tioté s’essuyant les crampons sur Elano, forcé de quitter le terrain, 64e), espèrent un miracle (entrée du dribbleur fou Keita à la place de Kalou, 67e) et jouent les faire-valoir (petit pont de Maicon sur Tioté, 68e). A la 79e minute, la Côte d’Ivoire ressort enfin de sa léthargie grâce à Gervinho. Le Lillois part dans un raid de 50 mètres et échoue sur la ligne de but adverse, il se retourne et donne à Yaya Touré qui centre pour Drogba lequel marque en croisant parfaitement sa tête (3-1). Ce but est le premier  marqué par une équipe africaine au Brésil en phase finale de Coupe du monde. Pour la révolte, on repassera. On frôlera cependant la bagarre générale après une série de fautes et de petits règlements de comptes entre amis. Avec deux cartons jaunes consécutifs, Kaka, un peu trop remuant pour le coup, va prendre sa douche avant les copains (88e). Le meneur de jeu a asséné un léger coup de coude à Kader Keita qui en a beaucoup rajouté.

A défaut d’être génial, le Brésil a parfaitement géré son match, accélérant par à-coups et se montrant enfin réaliste, après une entrée en matière plus délicate face à la Corée du Nord. Le voilà d’ores et déjà qualifié pour les 8e de finale. Quant à la Côte d’Ivoire, elle jouera son avenir dans la compétition vendredi, contre les Nord-Coréens. Et devra garder un oeil sur les performances du Portugal.

Jean Damien Lesay, envoyé spécial à Johannesburg.

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