Philippines: critiquée pour son manque de réactivité, la Chine accroît son aide aux sinistrés

Six jours après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, de nombreux corps, impossibles à identifier, ont commencé à être enterrés dans des fosses communes ce jeudi 14 novembre dans la ville totalement dévastée de Tacloban. L'aide internationale, insuffisante, est trop lente et les survivants ne cachent plus leur colère. Violences et pillages se multiplient malgré la présence de l'armée philippine. La Chine, très critiquée pour le faible montant débloqué pour aider les sinistrés philippins, a décidé d'une rallonge. L’aide globale chinoise s’élèvera désormais à 10 millions de yuans, environ 1,2 million d'euros.

C’est une guerre des éditos comme on en voit rarement dans un pays où la presse officielle, comme son nom l’indique, sert habituellement de porte-voix aux autorités. Initialement, Pékin prévoyait d’envoyer un peu moins de 75 000 euros aux sinistrés philippins, auxquels la Croix-Rouge chinoise devait ajouter une somme identique.

Cette aide, très inférieure à celle promise par d’autres pays, a suscité de vives critiques à l’étranger. « La deuxième économie mondiale se débarrasse de sa petite monnaie sur l'archipel dévasté par la tempête », a ainsi titré un article du magazine américain Time, parlant d'un montant « insultant » et pointant « la mesquinerie » de Pékin.

Mais les critiques sont aussi et surtout venues de Chine. Premier à dégainer lundi, le Huanqiu Shibao s’est emporté contre un manque de solidarité jugé nuisible aux intérêts du pays : « Si la Chine se montre froide dans son aide aux Philippines, nous aurons plus à perdre que les Philippines », écrivait alors le quotidien nationaliste dans sa version chinoise.

Un avis qui a fait bondir le Nafang Ribao

Nouvel éditorial le lendemain, mardi : « La Chine ne manque jamais " d’amour " pour les Philippines, mais la Chine reste ferme sur les questions de territoire. Le président des Philippines doit comprendre que " l’amour " est affaire de réciprocité », a alors affirmé ce journal affilié au Parti communiste de la province du Guangdong dans le sud du pays.

Un débat qui se poursuit sur internet

Une grande partie des internautes rappelle le différend territorial autour de l’atoll de Scarborough, revendiqué par les deux pays en mer de Chine du Sud, et disent comprendre le peu d’entrain du pays. « Si un pareil sinistre touchait Cuba, est-ce que les Etats-Unis viendraient soutenir La Havane ? », s’interrogeait, ce jeudi matin, un internaute.

Visiblement, la diplomatie chinoise veut éviter des vagues dans des mers de Chine déjà très agitées pour Pékin. Ce manque de générosité affecte le « soft power » chinois, ont fait savoir les partisans d’un accroissement des dons.

Les rivaux japonais ayant annoncé de leur côté une aide de 7,4 millions d’euros et l’envoi de 1 000 soldats, finalement la Chine accordera 1,2 million d’euros aux Philippines en devises et matériel, a fait savoir ce mercredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. Le président chinois Xi Jinping a, lui, appelé son homologue philippin Benigno Aquino pour lui exprimer ses condoléances. 

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