Sur les six cents factions armées les plus fortes de la rébellion syrienne, plus de trois cents brandissent l’étendard noir, emblème des jihadistes. Il y a les plus célèbres et les mieux organisés de ces groupes, tels le Front al-Nosra ou encore l’Etat islamique en Irak et au Levant, directement affiliés à al-Qaïda. Ce dernier groupe composé de jihadistes étrangers a une vision ultra-rigoriste, voire obscurantiste de l’islam. Dans sa ligne de mire : le pouvoir de Damas, mais aussi la population syrienne. L’Etat islamique en Irak et au Levant n’hésite pas à exécuter des civils. Ses membres improvisent généralement des tribunaux islamiques en pleine nature. Ceux qui n’épousent pas leur vision de la religion sont châtiés. Dans le meilleur des cas, les gens sont condamnés à des coups de fouet. Dans le pire, ils sont décapités de la manière la plus barbare qui soit. Les vidéos des exécutions sont systématiquement publiées sur internet.
Le rapport de l’ONU met en lumière d’autres groupes à l’image d’Ahrar al-Sham et de Liwa al-Islam. Certains d’entre eux sont financés par l’Arabie saoudite. Mais cette cartographie réalisée directement auprès de ces groupes armés par une équipe d’experts des Nations unies démontre surtout une chose : elle donne raison au régime de Damas, qui ne cesse de répéter depuis plusieurs mois que son armée affronte des groupes de terroristes radicaux.
Des groupes que la France a combattus au Mali
Selon Bachar el-Assad, ce sont les mêmes groupes que la France a combattus au Mali qui sévissent en Syrie. Le président syrien ne cesse d’ailleurs d’en faire le reproche à la France. Il dit ne pas comprendre pourquoi Paris a mené une vaste opération militaire contre al-Qaïda au Mali et veut soutenir cette organisation terroriste en Syrie. Pour Bachar el-Assad, qui s’érige en rempart contre le terrorisme, la seule différence entre les groupes extrémistes au Mali et en Syrie c’est le nom. D’un côté al-Qaïda au Maghreb islamique et de l’autre L’Etat islamique en Irak et au Levant.
Mais ce que ne dit pas Bachar el-Assad, c’est que Paris autant que les autres puissances occidentales, ne soutient en réalité que la rébellion nationaliste laïque et modérée. Des brigades commandées généralement par des déserteurs. D’anciens officiers de l’armée syrienne régulière qui ont décidé de défendre les objectifs démocratiques de la révolution. Ils sont plus connus sous le nom de l’Armée syrienne libre (ASL). Toutefois, même si l’Armée syrienne libre est à l’origine du déclenchement de la lutte armée contre le pouvoir de Damas, aujourd’hui ses hommes sont minoritaires sur le terrain.
L'ASL manque d'aide
La cartographie établie par l’ONU indique une myriade de groupes rebelles et laisse transparaître la disparition de l’Armée syrienne libre. Il y a des alliances qui se font et se défont. Tout cela tourne bien sûr autour d’intérêts tels que des armes, de l’argent que les insurgés reçoivent de l’extérieur.
L’Armée syrienne libre, elle, est aujourd’hui de plus en plus faible. Il y a de nombreuses raisons à cela : premièrement, elle n’est pas aidée. Ses principaux alliés sont pourtant la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Mais les puissances occidentales refusent de lui livrer des armes par peur qu’elles ne finissent entre les mains des autres groupes extrémistes. Ensuite, l’ASL comptait énormément sur les frappes franco-américaines contre Damas. Là encore, les combattants de l’Armée libre ont été déçus après le report des bombardements. Certains d’entre eux rejoignent désormais les groupes jihadistes capables de leur fournir l’armement nécessaire en plus de leur payer une solde. Ces groupes n’ont pas de souci de trésorerie et leur arsenal est bien rempli grâce à des fonds privés venus des pays du Golfe.