Le secret qui entoure le web nord-coréen fascine. Cette semaine, une erreur de manipulation d’un informaticien du Nord a soudainement rendu accessibles tous les sites web hébergés par le régime ! Une erreur qui révèle que le soi-disant « Paradis des Travailleurs » n’est pas vraiment celui de l’Internet. C’est un expert en sécurité du site Gitbub qui a découvert cette faille lui donnant accès à tous les sites dont l’adresse se termine par « .kp ». L’équivalent nord-coréen du « .fr » français.
On découvre que l’Internet nord-coréen est famélique. Seulement 28 sites au total, au design simple et minimaliste, pour ne pas dire austère... Ce qui est le plus surprenant, c’est qu’on en connaissait déjà la plupart ! souligne le blog spécialisé North Korea Tech.
« La Voix de la Corée », une radio de propagande diffusée en plusieurs langues
Il y a ainsi des sites de propagande bien connus, comme celui du « Rodong Sinmun », le quotidien des travailleurs. Ou « Naenara », « mon pays », qui fait l’apologie des accomplissements de la dictature nord-coréenne. Ou encore « La Voix de la Corée », une radio de propagande diffusée en plusieurs langues. On trouve aussi un site de recettes de cuisine - avec vidéos explicatives à l’appui - le site de l’office du tourisme local, un site sur le cinéma nord-coréen, la page web de l’Université Kim Il Sung … et c’est à peu près tout. La totalité du web nord-coréen se résumerait donc à ces 28 sites ?
Pas vraiment, car il faut y ajouter la poignée de sites de propagande destinés à un public étranger. Comme le site « uriminzokkiri », « notre peuple », hébergé en Chine. Et puis surtout, il existe un réseau interne à la Corée du Nord, l’équivalent à l’échelle nationale d’un intranet d’entreprise. Cet intranet appelé Kwangmyeong, « étoile brillante », est physiquement coupé du reste du monde : il n’est donc pas accessible par Internet et ne peut pas être piraté et est très peu connu. On sait qu’il permet de connecter entre elles les universités, les entreprises, et les diverses branches du gouvernement. Il autorise l’utilisation de messageries, bien sûr étroitement contrôlées.
En Corée du Nord une adresse IP pour 25 000 habitants…
Seule l’élite de l’élite (quelques milliers de personnes au maximum dont la loyauté au régime est jugée suffisante) ont accès à la Toile mondiale. On compte ainsi en Corée du Nord une adresse IP pour 25 000 habitants… Alors que quelques kilomètres plus loin, en Corée du Sud, c’est 2 adresses IP par habitant !
Le régime ne veut pas que sa population ait accès à la moindre information extérieure : Internet risquerait de saper sa propagande qui fait de ses dirigeants de véritables dieux vivants, à la bonté et au génie sans pareils… Exceptions à la règle : les propagandistes qui ont besoin justement de cet accès pour ajuster leur message tout comme les pirates informatiques du Nord qui ont fait preuve de leur dangerosité en menant des attaques régulières contre des sites web sud-coréens.