Les web-séries: un vivier pour Hollywood ?

Durant deux jours au Marseille Web Fest, les web-séries du monde entier ont été analysées et jugées. L’occasion pour une profession en mutation de s’interroger également sur ces nouveaux formats et modes de diffusion entièrement liés aux nouvelles technologies, mais aussi d’envisager de futurs projets…

Participer au Marseille Web Fest, le festival international de la web-série, c’est découvrir un monde qui change et ce autour des nouvelles technologies. Durant deux jours, les ateliers l’ont démontré et c’est également dans les couloirs que les rencontres entre les créateurs de tous les pays du monde produisaient parfois des étincelles. A un moment lors de l’atelier consacré à « la web-série, un format d’avenir » un des intervenants Peter Hyoguchi de The New Kind suggérait à l’Allemand Alexander Pfander de Mission Backup Earth : « nous travaillons dans les mêmes univers, nous devrions songer à faire quelque chose ensemble. » Et alors que les projections se déroulaient, dans les couloirs où à la sortie des débats, les officiels de Canal Plus ou d’autres distributeurs faisaient leur marché à la découverte des talents parfois grâce aux conseils du fondateur du LA Web Fest Michael Ajakwe.

Mais revenons au début. Une web-série, c’est la possibilité pour un créateur de diffuser son œuvre sur Internet, pour la planète entière. « On parle de MCN : Multi Channel Network », explique Drew Baldwin créateur de Tubefilter (un site curateur des vidéos sur Internet) et accessoirement des streamy awards. « Avant à la télévision, éclaire-t-il, les programmes étaient étudiés pour plaire à tout le monde. Maintenant via ces chaines (MCN) les sujets sont spécialisé, réalisés par des passionnés et souvent immensément populaires ! » C’est donc sur ces marchés de niche via des plateformes surpuissantes comme (et la liste est longue) : YouTube, Vimeo, DailyMotion, Warner, Xbox, PlayStation, Crackle.... que la narration se déroule. On parle aussi de transmédia car la web-série vit aussi à coups de tweets, de blogs, de statuts Facebook, en jouant sur la chambre d’écho surpuissante des interactions des réseaux sociaux.

C’est donc le temps des nouveaux studios certes, mais une web-série c’est avant tout une histoire. John Cabrera scénariste de H+ l’explique comme un mantra : « quand je veux écrire une histoire, j’écris une histoire. » Il détaille : « Avec H+ on a passé six mois sans savoir où aller. Je pensais au départ le vendre à la télévision. » Puis John Cabrera raconte comment « en voiture avec la radio allumée il a entendu parler d'une agence qui cherchait des projets comme le sien... » Bingo, mais tout de même : « Personne ne pouvait me dire comment faire car c'était la première fois qu'on le faisait. Avec Warner on a en fait appris comment faire. » Et de s’amuser : « Warner a quasiment financé H + sans trop savoir ce que c'était. Mais l'idée était de découvrir les nouveaux canaux. » Il explique : « Cette période des web séries ressemble curieusement à celle effervescente des films indépendants des années 90's. » Il est devenu expert digital pour les studios Warner depuis très récemment.

« Le marché de la vidéo en ligne est en progression de 175% ! »

Quand Adam Besserman, directeur du développement de Yahoo! sur la côte ouest des États-Unis, égrène les chiffres qui font que Yahoo! est devenu le premier producteur sur le web, c’est le vertige ! « Avec 850 millions d'utilisateurs,  175 millions d'Américains chaque jour, c’est plus de 80 programmes originaux créé par Yahoo ! » Il ajoute pour expliquer que ce n’est pas qu’une lubie : « Le marché de la vidéo en ligne est en progression de 175% ! »

Les studios d’Hollywood sont donc à l’affût, et sans s’en cacher. David Worthen, de Fox Digital, répondait à l’étonnement de Christopher Leone, créateur de Parallels, d’avoir été découvert sur le Web : « Mais il faut savoir qu’une grande partie de notre travail, c’est de découvrir les produits et les talents sur le Net. » Il s’en amuse en commentant qu’il est vraiment loin le temps ou un chercheur de talent aurait expliqué à un vidéaste sur YouTube : « Merci, mais non merci, mon client ne fait pas de vidéo de chats ! » Tout change et il explique : « Cela a changé notre destin ! » Et celui de beaucoup d’autres…

Même constat pour Ramon Rubio la réalisatrice de Sin vida propia : « Internet c’est aussi la porte grande ouverte pour des projets que vous ne verriez pas à la télévision. Ma web-série n’est pas politiquement correct du tout ». Résultat ? Son travail est maintenant diffusé à la télévision du fait de sa popularité sur le Net.

Les stars de YouTube dans des films à gros budget

Le Néerlandais Jeroen Koopman constate : « la télévision, c’est le canapé, sur internet on est actif. » Avec les changements qui vont avec selon Christian Fonnesbech, auteur de Cloud Chamber, « le storytelling est en train de changer, le social doit être intégré dans votre histoire. » Et prochaine tendance annoncée par John Cabrera ou Drew Baldwin, les stars de YouTube vont apparaitre dans les meilleurs castings des films à gros budget. Pourquoi ? Peter Hyoguchi auteur de The new Kind explique : « Regardez l’industrie musicale, maintenant vous ne vendez pas seulement votre propriété intellectuelle, mais aussi votre audience. » YouTube comme d'autres MCN véritables incubateurs à talents vont permettre aux « célébrités » de s'exposer sur grands écrans…
 

 

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