Au Brésil, le Code Club apprend aux jeunes élèves à programmer

Née au Royaume Uni, l'ONG Code Club connaît un vrai succès au Brésil et sa méthode devrait être implantée dans plus de 100 écoles d'ici quelques mois. Adapter ce service aux bidonvilles et à la culture telenovellas, c’est la réussite du Code Club brésilien.

Savoir programmer peut devenir une compétence essentielle de nos jours. Les langages informatiques qui sont utilisés dans la conception de logiciels font de plus en plus partie de notre quotidien, mais son apprentissage reste encore totalement inaccessible aux enfants des foyers plus modestes.

Pour démocratiser l'accès à ces connaissances, deux web-designers, Clare Sutcliffe et Linda Sandvik, ont créé un projet en 2012 au Royaume-Uni baptisé « Code Club ». L'ONG rassemble un réseau de volontaires proposant leurs services gratuitement dans les écoles publiques partout dans le monde.

Au Brésil, Code Club a connu un succès retentissant

Depuis cette année, ce sont déjà 1340 « clubs » qui se sont implantés sur presque tous les continents. Au Brésil, le projet a connu un succès retentissant. Dans les mois qui ont suivi, on estime que quelque 100 écoles ont mis en place des cours, explique l'informaticien Everton Hermman, représentant brésilien du « Code Club ». Outre l'organisation du travail des volontaires, il a traduit la méthode proposée et également créé un site en portugais du Brésil pour la diffusion du projet.

Parmi les petits Brésiliens qui bénéficient des cours, on trouve, par exemple, les enfants du bidonville Alemao, à Rio, qui a longtemps été l'une des favelas les plus dangereuses de la ville. Jadis contrôlée par les trafiquants, elle a été « pacifiée » par la police régionale en 2011, après une longue opération.

Pour rendre l'apprentissage plus simple, la méthode du Code Club utilise normalement le théâtre comme outils d’apprentissage : les enfants sont amenés à coder un scénario et les rôles de chaque personnage. « Il s'agit de faire une analogie pour les aider à comprendre, car dans une pièce, il faut que tout soit bien défini. Il est aussi indispensable de répéter le spectacle plusieurs fois pour que les choses soient au point », dit M. Herman. « C'est pareil pour tester un logiciel. »

Le théâtre a été remplacé par la telenovela

Dans le cas du bidonville brésilien, le théâtre a été remplacé par la telenovela, genre de série télévisée très populaire et vraie référence pour les jeunes issus des classes les moins favorisées. « Le théâtre ne leur parlait pas, la plupart ne s'y était jamais rendu. Savoir s'adapter à ce genre de situation est essentiel. » Selon lui, les cours durent environ une heure, et les enfants les suivent à deux, « car la synergie est fondamentale dans l'apprentissage. »

Au début, les élèves apprennent à coder en utilisant l'outil Scratch. Il leur permet dans un premier temps de gérer l'action des personnages et de créer des jeux simples. Au fil du temps, d'autres langages de programmation plus sophistiqués leurs sont présentés, comme le HTML, les CSS ou le Python. « Il est intéressant de remarquer que la plupart de ces concepts, qui demandent plusieurs jours de cours dans les écoles d'ingénieurs, sont appris plus rapidement par les enfants », dit le représentant de l'ONG au Brésil.

Coder aide les enfants à organiser leurs idées

Les connaissances acquises, explique l'informaticien, les aident aussi à améliorer leurs performances en mathématiques. « L'informatique est partout. Même si cela ne devient pas leur métier, ça va les aider dans d'autres disciplines, car savoir organiser ses idées est indispensable dans n'importe quel domaine. Les cours les aident à raisonner d'une façon logique », remarque-t-il. Les enfants finissent donc par développer des aptitudes qui ne sont pas forcément exploitées dans un programme scolaire ordinaire.

Apprendre à coder peut aussi modifier certains caractères rétifs à l'apprentissage. Avec des surprises parfois. Celui qui est le plus malin, explique l'informaticien, ne s'en sort pas toujours mieux. « Il y a des élèves qui arrivent très sûrs d'eux, veulent devancer les autres et sauter les étapes, mais sont obligés de revenir en arrière. Et d'autres plus timides, apparemment moins à l'aise, qui sortent du lot. » Pour les adultes qui veulent se rattraper, l'informaticien brésilien rappelle qu'il n'est jamais trop tard. La méthode a déjà été testée et approuvée aussi par les plus grands...

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