« Aujourd’hui, en regardant l’étape, je pense au fait qu’on ne parle pas assez de notre Domenico. Continue comme ça Mimmuzzo ! », a twitté il y a quelques jours Vincenzo Nibali, vainqueur des trois Grands Tours (France, Italie et Espagne), compatriote et partenaire de Domenico Pozzovivo à la Bahreïn-Merida.
Depuis le début du Tour d’Italie, le grimpeur de poche (1,65 m pour 53 kilos), leader par intérim en l’absence de Nibali, fait oublier les déboires de Fabio Aru, celui que toute l’Italie attendait, et qui a définitivement dit adieu à un bon résultat après l’étape du Zoncolan (samedi 19 mai) où il avait perdu pied.
Son meilleur Giro pour le moment
A trente-cinq ans, « Pozzo » est en train de vivre son meilleur Giro, lui qui avait terminé 5e lors de l’édition 2014 (son meilleur classement sur un grand tour) et 6e l’an dernier. En 2015, on avait redouté le pire pour lui, après une chute spectaculaire dans une descente. On lui diagnostiquera un traumatisme facial et un traumatisme crânien.
Aujourd’hui (jeudi 24 mai), après la 18e étape entre Abbiategrasso et Prato Nevoso, il pointe toujours à la troisième place du podium à 2 minutes et 43 secondes de Simon Yates. Les tifosi avaient pu l’applaudir en 2012 lorsqu’il avait remporté une première étape entre Sulmona et de Bagnoli Irpino après sur 229 km de course. Deux étapes de montagne restent à courir, la plus dure s'annonçant ce vendredi bien plus ardue que celle de Prato Nevoso. De quoi encore surprendre ses adversaires.
C’est de l’autre côté des Alpes que le manageur de l’équipe française AG2R La Mondiale, Vincent Lavenu, avait découvert l’ancien coureur de la formation Colnago-CSF Inox. « On l’avait vu il y a quelques années en Italie et je savais que c’était un pur grimpeur. Il arrive à maturité et il peut désormais prendre une place dans les cinq premières d’un grand Tour. C’est un gars intelligent et bosseur », expliquait Lavenu en mars 2014. « Avant de venir en France, j’étais dans une équipe professionnelle qui ne faisait que des courses en Italie. Maintenant, je peux évoluer dans de plus grandes courses », se félicitait Pozzovivo à notre micro.
Un premier Tour de France à 33 ans
Après avoir fait les beaux jours de la formation AG2R La Mondiale pendant cinq années, Domenico Pozzovivo s’est engagé en 2018 pour la Bahreïn-Mérida. « Cela a été cinq années très importantes dans ma carrière, où j’ai pu participer à de grandes courses, en étant leader, et cela m’a donné de l’expérience et de la motivation, expliquait-il dans un entretien accordé au site internet Legruppetto.com. J’ai pu avoir une approche différente tant à l’entraînement qu’en course par rapport aux années antérieures où mon équipe était plus limitée économiquement et participait à moins de courses ».
Pozzovivo est l'auteur d’une thèse sur les politiques méridionales de l’unité italienne. « J’ai toujours aimé apprendre. Pendant mes premières années de coureur, je travaillais mes cours le soir après l’étape. C’est comme ça que j’ai eu mes diplômes », précisait-il en 2014. Pozzovivo a découvert à 33 ans le Tour de France en 2016 où il était dévoué à Romain Bardet, un âge où certains songent à raccrocher.
La vie de coureur cycliste n’a pas toujours été facile pour cet homme intelligent, cultivé, assez taiseux, qui fuit volontiers les mondanités. En août 2014, pendant un entraînement en vue du Tour d’Espagne, un chat lui coupe la route et percute sa roue avant. Bilan : fracture du tibia droit et de péroné. En 2013, arrivé blessé au début du Tour d’Italie après s’être cassé deux côtes au Tour du Trentin, il a tout de même réussi à prendre la 10e place du classement général.
Dans sa nouvelle équipe, Pozzovivo tente désormais de profiter de son expérience pour continuer à se construire un palmarès malgré le poids des années. Celui qui a terminé 2e du Tour des Alpes en avril, derrière Thibaut Pinot, continue sa route en toute modestie, espérant « satisfaire » ses supporters avec ses prestations. Les connaisseurs apprécieront.