La roue aurait-elle définitivement tourné pour le Britannique Christopher Froome ? C’est en tout cas ce qui saute aux yeux en voyant le leader de la Sky se battre chaque jour sur le Giro. Le quadruple vainqueur du Tour de France n’est redevenu dominateur que le temps d'une ascension, celle du Monte Zoncolan, le samedi 19 mai. Dans cette montée incroyable, l'une des plus emblématiques et les plus dures du Giro, Froome avait retrouvé les jambes qui lui ont permis de se faire un palmarès.
« Quand on fait autant d'efforts, on peut le payer le lendemain »
Le lendemain, alors que son compatriote Simon Yates dominait la 15e étape à Sappada dans le nord du pays, lui redevenait humain. « Je suis allé puiser très loin pour aller chercher la victoire au Zoncolan », justifiait-il à propos de ce col dont la pente fait 12 % de moyenne. Il ajoutait : « Quand on fait autant d'efforts, on peut le payer le lendemain ».
Le Britannique disait vrai, à ceci près qu'il n'avait pas faibli par le passé lorsqu'il avait réalisé des numéros semblables dans le Tour de France, comme lors de la montée du Ventoux en 2014. Sur le Monte Zoncolan, nul n'a pu suivre le « Kényan blanc » quand il a pédalé encore plus vite, pas même Simon Yates. On s’attendait à le voir flancher, mais il s’est contre toute attente présenté seul sur la ligne d’arrivée. « Je voulais y laisser mon empreinte ».
Vingt-quatre heures plus tard, le jour de ses 33 ans, il vacillait une nouvelle fois, distancé par ses rivaux dans la quatrième et dernière ascension, un col de deuxième catégorie ! « Chaque jour, je me sens de mieux en mieux », assurait-il après la 4e étape, la première sur le sol italien après les trois premières journées en Israël.
Hors-jeu pour la victoire finale ?
Pointé à la 5e place du classement, à plus de trois minutes, Froome semble définitivement hors-jeu pour la victoire finale. Le podium pourrait aussi être hors de sa portée. A moins qu’il retrouve un peu d’énergie en ce lundi de repos (21 mai) avant le contre-la-montre individuel de 34 kilomètres mardi entre Trente et Roveroto. Un chrono plat, à son avantage quand il écrase la course. Chris Froome, l'un des grands favoris avant le départ du Tour d'Italie, avait chuté sans gravité lors de la reconnaissance à Jérusalem de la première étape, un contre-la-montre de 9,7 km.
En septembre 2017 Christopher Froome avait subi un contrôle antidopage jugé anormal, révélant une forte concentration en Salbutamol (un médicament utilisé contre l'asthme) à l’issue de la 18e étape de la Vuelta. A l’heure actuelle, David Lappartient, président de l'Union cycliste internationale, « espère » une décision « avant le Tour » de France. « Je ne pense pas qu'on aura une décision avant le Giro, mais avant le Tour, j'espère. Cette affaire met tout le monde – les organisateurs, l'UCI, le coureur lui-même – dans une situation intenable », expliquait-il en avril dernier. Le dossier de Chris Froome est entre les mains du tribunal antidopage de l'Union cycliste internationale chargé de décider de son sort.
« Participer au Giro est une décision que j'ai prise avec l'équipe pendant l'hiver », a déclaré Froome qui l'a couru à deux reprises, la seconde fois en 2010 quand il avait quitté la course par la petite porte (disqualification). Il lui reste une semaine pour se remettre à l’endroit.