JO 2016: le dopage, fléau de l’olympisme

Après le scandale russe révélé par le rapport McLaren, le Comité international olympique (CIO) entend livrer une lutte sans merci au dopage durant les JO 2016 au Brésil. A Rio, 6 000 contrôles devraient être effectués pour un budget d’environ 450 000 euros.

De notre envoyé spécial,

L’histoire de Darya Klishina, la seule athlète russe repêchée initialement par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), qui avait exclu l’ensemble de l’athlétisme russe à la suite de la publication du rapport McLaren, en dit long sur le problème du dopage dans le sport et aux Jeux olympiques.

La Russie pointée du doigt

Samedi 13 août, l'IAAF avait décidé d’écarter la spécialiste du saut en longueur sur la base d'une « nouvelle information » issue du fameux rapport de l'avocat Richard McLaren sur le dopage russe. Darya Klishina a fait appel auprès du Tribunal arbitral du sport et a été entendue. Elle sera donc la seule Russe dans les épreuves d'athlétisme au Brésil.

Pour protéger ses athlètes dopés, la Russie avait mis en place différents systèmes, notamment aux Jeux olympiques d'hiver 2014 de Sotchi. Les conclusions du rapport McLaren, commandé en mai dernier par l'Agence mondiale antidopage (AMA), révélaient un système de dopage d'Etat avec l'aide active des services secrets russes et faisait l’effet d’une bombe.

Depuis, le CIO a annoncé que 98 athlètes des JO Pékin et Londres ont été contrôlés positifs grâce à un programme de ré-analyse des échantillons. Il en sera de même pour tous les contrôles effectués au Brésil.

4 500 contrôles urinaires et 1 500 sanguins

« Les échantillons de Rio vont être conservés dix ans. Avec les progrès de la science, je suis certain de trouver des résultats positifs s’il y en a », avance Richard Budgett, directeur médical du CIO et ancien athlète médaillé d’or en aviron aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984.

A Rio, on annonce environ 4 500 contrôles urinaires et 1 500 sanguins. Les cinq premiers athlètes de chaque discipline sont systématiquement appelés à se soumettre à l'un des deux. Pour les autres, les tests sont effectués en fonction des disciplines et en cas de doute sur les performances.

Trois cas positifs ont déjà été recensés depuis le début des Jeux avec un haltérophile polonais (Tomasz Zielinski), une Bulgare spécialiste du 3 000 m steeple (Silvia Danekova), et une nageuse chinoise (Chen Xinyi).

Battre un record du monde peut attirer les soupçons

« Il faut un système de contrôle intelligent. On ne va pas contrôler tout le monde de la même façon. Nous avons un système informatique qui nous aide à déterminer qui choisir en fonction des sports et des athlètes », dit Richard Budgett. Battre un record du monde ou gagner des secondes peut attirer les soupçons. Vendredi dernier, l’Ethiopienne Almaz Ayana a battu le record du monde du 10 000 mètres en athlétisme détenu depuis 1993 par la Chinoise Wang Junxia, dont la performance a toujours été controversée. Almaz Ayana l’améliore de 14 secondes (29'17''45).

« Sun Yang, il pisse violet ! (...) Ça me donne envie de vomir », avait lancé le nageur français Camille Lacourt lors des épreuves de natation à propos de la médaille d’or du Chinois aux 200 m nages libre. Sun Yang avait été contrôlé positif en juillet 2014 à la trimétazidine, un traitement pour les maladies cardiaques prohibé par l'Agence mondiale antidopage.

« En cas de doutes, un groupe de scientifiques indépendants peut prendre la décision d’analyser en profondeur un échantillon », raconte Richard Budgett qui se dit « choqué » par ce qui s’est passé à Sotchi. Selon le CIO, 1 000 contrôles ciblés hors compétition ont été réalisés avant que les athlètes n’arrivent à Rio. Impossible d'en savoir plus, la confidentialité est de rigueur.

Le laboratoire de Rio, de nouveau perfomant ?

Le laboratoire de Rio avait été provisoirement suspendu le 24 juin en raison de problèmes de conformité, et pour avoir produit lors de tests de routine envoyés par l’Agence mondiale antidopage (AMA) un résultat positif sur un échantillon négatif. La suspension du laboratoire antidopage de Rio de Janeiro a été levée en juillet par l’AMA.

« Il y a eu un grand effort pour revoir tout ce qui a été fait dans le laboratoire. Il est redevenu performant », rassure Richard Budgett. Pour ces Jeux, le laboratoire de Rio dispose de mesures de sécurité nationale. Il y a aussi des caméras de surveillance dans les chambres froides et dans les couloirs. Une personne est présente devant les réfrigérateurs où sont entreposés les échantillons. Impossible d’y accéder seul. Au minimum, deux personnes doivent être présentes pour ouvrir le frigo et l’une d’entre elles doit signer un formulaire. Tout semble être fait pour ne pas revivre l’épisode russe. Un traumatisme pour le CIO qui se veut irréprochable.

Les échantillons des athlètes sont transportés immédiatement de la salle de contrôle, sur le site de compétition, vers le laboratoire antidopage de Rio de Janeiro. L'analyse est réalisée sans délai pour éviter au maximum les risques de manipulations. Des experts internationaux sont missionnés pour superviser le travail des laborantins.

A Rio, on ne reprochera à personne de fêter une médaille avec une caipirinha dans la main, un cocktail très populaire au Brésil. Pour le reste, il va falloir attendre les résultats de tous ces contrôles antidopage pour savoir si les performances de Rio 2016 ont été crédibles dans l'ensemble.

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