De notre envoyé spécial,
Dans l’inconscient collectif, la gymnastique est accrochée à l’image de Nadia Comaneci. Lors de l'été 1976, à Montréal, la gymnaste roumaine s'adjuge cinq médailles, dont trois en or, et entre dans le panthéon du sport. La surdouée de la discipline obtient à sept reprises un 10, la note maximale. Nadia Comaneci décroche le premier 10 de l'histoire de ce sport présent depuis la première édition des Jeux olympiques modernes en 1896.
Simone Biles, nouvelle représentante de luxe de la gymnastique mondiale
Ce « perfect ten » (« 10 parfait ») est devenu la carte de visite de Comaneci. Et plus personne ne pourra l’égaler. La note de 10 ne peut plus être attribuée depuis le système de notation entré en vigueur en 2006.
Présente à Rio, la légende de la gymnastique artistique a estimé que « seul le temps » dira si Simone Biles est la meilleure gymnaste de tous les temps, au lendemain de la deuxième médaille d'or olympique décrochée par l'Américaine aux JO 2016 (concours par équipe et individuel). Dimanche 14 août, Biles s’est offert une troisième médaille d’or, avec le saut de cheval.
Lors de la finale au sol, toujours le 14 août, deux Brésiliens ont réussi à monter sur le podium : Diego Hypólito en argent et Arthur Mariano en bronze. « C’est un moment inexplicable. Je suis très fier. Cela fait douze ans que j’attends une médaille », raconte le premier, très patient avant de décrocher le Graal. Si sa médaille n’est pas en or, cela y ressemble presque.
Seul son compatriote Arthur Zanetti a remporté l’or pour le Brésil depuis le début des Jeux modernes. C’était aux anneaux, à Londres, en 2012. La Russie, le Japon ou les Etats-Unis trustent les podiums de ce sport si complexe et exigeant.
Faire le mouvement parfait
Le Français Cyril Tommasone qui a échoué au pied du podium lors de l’épreuve de cheval d'arçons illustre bien la difficulté du haut niveau en gymnastique. Comme au patinage artistique, s’il y a bien une chose compliquée dans cette discipline, c’est de départager deux sportifs dont la performance semble similaire. Plusieurs juges sont présents au moment du passage de l'athlète.
« Le cheval d'arçons, ça ne se joue à rien. Il suffit d’une petite erreur… Il faut faire le mouvement parfait », raconte Cyril Tommasone qui s’entraîne 25 heures par semaine. Avec son coach, il avait décidé d’ajouter deux éléments pour faire passer sa note de départ de 6,5 à 7.
En gymnastique, la note finale correspond à la note de départ annoncée par l'athlète en début d'épreuve, pondérée par les juges. Leur appréciation repose essentiellement sur deux critères : la difficulté technique et l'exécution artistique. Le gymnaste doit trouver le compromis idéal. « Je suis satisfait de moi, car j’ai fait deux beaux mouvements. Je pense que ma place est troisième, mais l’important, c’est de ne pas avoir de regret et je n’en ai pas », avoue Cyril Tommasone. Il avait terminé à la 5e place à Londres.
« Les Jeux, on en rêve depuis gamin, c’est le prestige »
Pour la gymnastique, un sport amateur, les JO restent la compétition la plus importante et le plus médiatisée. « Les Jeux, on en rêve depuis gamin, c’est le prestige, cela fait quatre années que je travaille mes mouvements », lâche Cyril Tommasone.
Dans les coulisses de l’Arène olympique de Rio, l’un des principaux legs sportifs des Jeux panaméricains 2007, les médias se bousculent pour les interroger. Le public essentiellement brésilien a largement répondu présent, contrairement à d’autres disciplines.
La gymnastique, sport à la marge, est mise en lumière tous les quatre ans. Même Simone Biles, que tout le monde s’arrache à Rio, pourrait très vite retourner dans l’ombre jusqu’à Tokyo 2020.