Tour de France: six coureurs africains dans la course

Six coureurs africains ont pris part à la 103e édition du Tour de France. Le travail effectué sur ce continent lors de ces quinze dernières années permet aujourd’hui à certains coureurs professionnels de prendre part à la plus grande course à étapes du monde.

De notre envoyé spécial,

Le Tour de France ressemble de plus en plus à une mappemonde. Au Mont-Saint-Michel, lors du départ de la 103e édition, une cinquantième nation a pris part à l’événement planétaire du cyclisme, avec l’Ethiopie. Cette année, ils sont six coureurs à représenter le continent africain. D’Alger en passant par Addis-Abeba, le public africain a désormais la possibilité de suivre le Tour à la télévision. Y participer fut longtemps un rêve devenu réalité.

L’Ethiopie avec Tsgabu Grmay

L’Ethiopie, un état de la Corne de l'Afrique, considéré comme le berceau de l’humanité, est représenté par Tsgabu Grmay. En 2015, avec la formation italienne Lampre-Merida, il devient le premier Éthiopien à participer et à terminer un Grand Tour en Italie. Le voilà au Tour de France.

« Il n’est pas là parce qu’il est Ethiopien, il est là parce que c’est un grand coureur, nous raconte son directeur sportif Philippe Mauduit. Il est là parce qu’il a des qualités ». Tsgabu Grmay a aussi pris part au Tour d’Espagne en 2015. Le champion d'Afrique du contre-la-montre chez les espoirs en 2012 a grandi, il a désormais posé ses roues sur les trois plus grandes épreuves du monde.

C’est aussi le cas de l’Erythréen Natnael Berhane qui défend les couleurs de la formation sud-africaine Dimension Data. Professionnel depuis 2013, Berhane remporte la Tropicale Amissa Bongo au Gabon en 2014. A l'époque, il s'illustre comme le premier Noir africain à remporter cette course trustée auparavant par des coureurs européens. Croisé plusieurs fois sur la ligne de départ depuis le Mont-Saint-Michel, Natnael Berhane, qui a terminé deux Tours d’Espagne, semble le plus heureux du peloton. « Je suis très motivé pour les prochains jours, surtout depuis les quatre victoires de l’équipe (avec Mark Cavendish et Steven Cummings, ndlr) », raconte Berhane.

Son compatriote et coéquipier, Daniel Teklehaimanot, qui a entamé son deuxième Tour de France, semble lui aussi dans son élément. Il a déjà intégré les us et coutumes de la course et garde en mémoire ses quatre jours avec le Maillot de meilleur grimpeur de l’an dernier. Podium protocolaire, réponses quotidiennes aux médias, plus rien ne l’impressionne !

« Ils ont un très grand potentiel. Ils sont très talentueux et c’est bien qu’ils soient là. Ils ont juste encore besoin d’expérience et de quelques Tours supplémentaires pour être à l’aise dans un peloton de 198 coureurs », dit l’Allemand Bernhard Eisel, qui prépare les sprints de la formation Dimension Data.

Le travail du Centre mondial de l’UCI récompensé

Ces trois coureurs sont passés par le Centre mondial du cyclisme de l’Union cycliste internationale. « Nous sommes très heureux, c’est pour nous quelque chose de fantastique. Je suis fier que notre discipline se développe sur le continent africain », avance son président Brian Cookson.

Le sud-africain, Reinardt Janse Van Rensburg, est aussi passé par le Centre mondial de l’UCI. Comme son compatriote Louis Meintjes (Lampre-Merida), il connaît le Tour de France. L’an dernier, il avait terminé 96e alors que Meintjes avait abandonné, épuisé, lors de la 18e étape. A la sortie des Pyrénées, Meintjes pointe à la 9e place au classement général, moins d'une minute derrière Christopher Froome le Maillot Jaune.

Le speaker français Daniel Mangeas, qui a commenté quarante et un Tours de France, est impressionné par cette ouverture sur le continent africain. « Il y a de très bons coureurs dans le Maghreb, au Rwanda et en Afrique de l’Est. Au début de ma carrière, Bernard Thévenet gagnait son deuxième Tour de France. A l’époque, 50 % des coureurs du peloton était Français », narre l’ancienne voix du Tour. D'ailleurs, cinq des six coureurs présents sur la course ont particpé au Tour du Rwanda.

Lors de ces deux dernières décennies, le Tour a pris une dimension mondiale avec des coureurs du continent sud-américain, des Etats-Unis et de l’Australie. Pour l’Afrique, le point d’orgue fut les deux journées en jaune du sud-africain Daryl Impey, aussi sur le Tour avec l'équipe australienne Orica. Il restera dans l'histoire du cyclisme comme le premier Africain à le porter.

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