Il vit la vie en blanc. Pour son premier Tour, Julian Alaphilipppe goûte déjà au plaisir du podium protocolaire. Le coureur de 24 ans, taillé comme un grimpeur, porte le Maillot blanc de meilleur jeune. Dimanche 3 juillet, à Cherbourg-en-Cotentin, il a pris la deuxième place derrière le Slovaque Peter Sagan. « C’est très agréable de porter ce maillot, mais je ne pense pas à le garder pour le moment. Nous n’avons pas encore commencé la montagne et Paris est encore loin », confiait-il dans les rues d’Angers au soir de la troisième étape. La France cherche le nouveau grand coureur tricolore, et le nouveau vainqueur du Tour depuis 1985. Julian Alaphilippe ? « Je ne suis pas là pour ça », confie ce visage poupon au quotidien Libération.
Un profil d’attaquant puncheur
Julian Alaphilippe est capable de briller sur des terrains très différents. Lors du dernier Critérium du Dauphiné, il signe une épatante sixième place au classement général remporté par Christopher Froome. Pourtant, son hiver fut un chemin de croix, à cause d’une mononucléose infectieuse. Sauf que lors de la Flèche Wallonne au printemps, il termine dans la roue d’Alejandro Valverde, le vainqueur. Même chose en 2015 où il prenait une étonnante deuxième place derrière l’Espagnol lors de la doyenne des classiques : Liège-Bastogne-Liège. Il y a quelques semaines, lors du Tour de Californie, il remporte l’étape-reine, mais la victoire finale lui échappe le dernier jour face à Peter Sagan.
Julian Alaphilippe, petit gars poli, d'origine modeste, souriant, est désormais lâché dans la cour des grands. Ancien champion de France de cyclo-cross espoirs (2012 et 2013), qui a également couru sous les couleurs de l'armée de terre française, Alaphilippe a réalisé un des plus beaux débuts du côté des coureurs français.
« C’est une pépite »
Après sa première licence à l'âge de 7 ans, le voilà qui progresse sous la houlette de son cousin Franck, son entraîneur depuis ses années cadet. La passion pour le cyclisme emporte même Bryan, son petit frère. « Nous avons très vite compris que c’était une pépite », dit de lui Patrick Lefevere, son manager.
« Patrick Lefevere a souvent le nez fin avec les jeunes coureurs, il a l’art de dénicher des perles », lance Didier Malempré du quotidien belge L’Avenir. Il ajoute : « Lefevere ne met jamais la pression sur un jeune. C’est un peu la marque de fabrique de son équipe ».
Aujourd'hui, difficile de dire si Julian Alaphilippe sera un coureur de classiques ou de grands tours. Et d’ailleurs, Patrick Lefevere n’apprécie pas vraiment cette interrogation : « Je ne veux pas que l’on se pose la question trop longtemps. Il ne faut pas perde trop de temps sur les grandes courses à étapes avant de se rendre compte que c’est un vrai coureur de classiques. » Patrick Lefevere nous donne rendez-dans dans deux ou trois années pour « une réponse ferme ».