Cherbourg, envoyé spécial,
Le bonheur aura été de courte durée pour Mark Cavendish. Dominateur au sprint la veille, l’Anglais n’aura porté le maillot jaune – le premier de sa carrière – qu'une seule journée. La faute à ce sacré Peter Sagan, qui n'a pas attendu très longtemps pour de nouveau s'illustrer sur le Tour.
Une étape très nerveuse
Seul en tête, Jesper Stuyven (Trek) a longtemps semblé capable de l’emporter. Mais le jeune Belge a connu une grosse défaillance dans la côte de la Glacerie, le mur final de 1.900 mètres à 6,5% de pente moyenne. Dans un peloton emmené par les meilleurs puncheurs, le champion du monde en titre a parfaitement dosé son effort pour sauter le Français Julian Alaphilippe (Etixx-Quick Step) sur la ligne.
« Ce n’est jamais facile de gagner et c’est le premier Maillot jaune de ma carrière. Dans le vélo, il faut aussi parfois avoir de la chance. J’ai fait beaucoup de sacrifices cette saison et c’est une récompense », note Sagan qui connaît le Tour depuis quatre années. « L’étape était nerveuse. Cette côte dans le final a fait des dégâts. Sagan mérite sa victoire et on va le revoir », dit le coureur français Warren Barguil (Team Giant).
Pour Sagan, certains coureurs ne savent pas rouler en peloton
« J’avais dans l’idée d’attaquer et ça roulait très vite. C’était une histoire d’homme fort et Sagan est fort. Il a récupéré son explosivité dans les bosses », raconte en suffocant le Français Tony Gallopin. Le manager de l'équipe française Fortuneo Vital-Concept, Emmanuel Hubert, salue volontiers la performance du Slovaque : « Sagan a couru magnifiquement, c’est un maître à bord. »
Mais il y a un hic. Par rapport à son premier Tour, Sagan pointe le fait que tous les coureurs prennent désormais des risques énormes. « C’est un truc de dingue. Certains ont perdu leur cerveau et se fichent pas mal des autres. On voit des chutes stupides. Avant, il y avait plus de respect. C'est dur à dire, mais il y a des coureurs qui ne savent pas rouler dans un peloton », lance-t-il agacé, alors que lui est devenu un des protagonistes des plus grandes courses du monde. Au printemps, il avait remporté le Tour des Flandres.
Son coéquipier Alberto Contador - qui a encore chuté - et Richie Porte, deux des favoris, ont été distancés dans cette étape exigeante. « C’était plus difficile que ce que l’on avait imaginé et on a perdu le Maillot jaune », avoue le Belge Serge Pauwels, coéquipier de Mark Cavendish. Sur la route du Tour, le bonheur peut parfois être fugace.