Radio France Internationale : Hortance Diédhiou, vous venez de remporter votre troisième médaille aux Jeux africains, après l’or en 2007 et l’argent en 2011. Que ressentez-vous après avoir décroché le bronze à Brazzaville face à la Tunisienne Nesria Jlassi ?
Hortance Diédhiou : Je suis fière parce que c’est quand même une médaille. C’est un peu dommage parce qu’en demi-finale, durant le golden score (prolongation durant laquelle celui/celle qui prend le moindre avantage remporte instantanément le combat, ndlr), j’était très pressée. A ce niveau-là du judo, une erreur coûte très cher. Malheureusement, je suis passée à côté de l’or, mais je me contente du bronze.
Vous avez déjà remporté plusieurs médailles aux Championnats d’Afrique et Jeux de la francophonie. Décrocher une médaille vous fait-il toujours autant plaisir ou êtes-vous blasée ?
Ça me fait très plaisir parce que je suis quasiment dans ma dernière année. Je vais bientôt arrêter ma carrière internationale. Décrocher des médailles donne du poids à mon palmarès et à celui du judo sénégalais. Ça pousse les jeunes à vouloir faire comme moi ou davantage. […]
Vous avez déjà disputé trois Jeux olympiques (2004, 2008 et 2012). Vous avez d’ailleurs été porte-drapeau de la délégation sénégalaise lors des JO 2012. Quand arrêterez-vous la compétition ?
C’est pour bientôt. Je vais d’abord me concentrer sur des derniers championnats d’Afrique, sur les Jeux olympiques de 2016 et ensuite je dirai exactement quand est-ce que j’arrêterai. Mais je vis quasiment mes dernières années.
Avez-vous l’impression d’avoir fait le tour de la question en judo ?
Pour moi, il reste des choses à accomplir. Parce que disputer quatre fois de suite les Jeux, ce serait beau. […] Je crois que je suis la seule Sénégalaise à avoir enchaîné les trois dernières olympiades (le nageur Malick Fall a disputé quatre JO de suite chez les hommes, Ndlr). Peut-être même que je suis la seule judokate africaine à l’avoir fait (Les Egyptiens Hesham Mesbah et Islam El Shehaby en ont fait de même chez les hommes, Ndlr). Si tout se passe bien, je vais disputer les JO une quatrième fois. […] C’est très important pour le judo et les arts martiaux au Sénégal. C’est très important pour moi aussi, par rapport à ce que je veux réaliser pour le judo africain et pour le judo sénégalais. Je veux sortir par la grande porte. Je suis déjà assez fière de ce que j’ai fait. Mais je veux encore quelque chose. Je pense que je peux y arriver si toutes les conditions sont réunies.
Qu’est-ce qui vous rend la plus fière jusqu’à présent ?
Le fait que l’Afrique me soutienne. Lorsque je suis arrivée à ces Jeux, des jeunes que je ne connaissais pas sont venus me voir parce qu’eux me connaissent. C’est très important. Je suis fière que beaucoup d’entraîneurs parlent de moi à leurs athlètes. Et je suis contente que ces athlètes viennent ensuite voir qui est Hortance. C’est un plaisir. Ce matin, certaines ont pleuré lorsqu’elles ont su que j’avais perdu. Ça, c’est une fierté pour moi. […]
Savez-vous déjà ce que vous ferez après votre carrière de judokate ?
J’ai créé une association qui s’appelle Kassofor Sembé. Elle sert au développement du judo dans la Casamance, ma région d’origine au Sénégal. Je commence par la Casamance parce que je suis née là-bas, mais je veux développer le judo africain ailleurs également.
Propos recueillis par notre envoyé spécial à Brazzaville,