Rafal Majka s’impose à Risoul et sort de l’ombre de Contador

En gagnant la 14e étape du Tour de France, la seconde dans les Alpes, le Polonais Rafal Majka a rappelé qu’il n’était pas simplement l’équipier d’Alberto Contador, désormais hors course, mais aussi un très bon grimpeur. Deuxième à Risoul, Vincenzo Nibali a, lui, confirmé que le maillot jaune ne peut plus lui échapper.

Un seul être vous manque… et voilà que des ailes vous poussent ! Qui aurait parié sur une victoire de Rafal Majka en montagne sur le Tour 2014 ? Personne ! Appelé de dernière minute dans l’équipe Tinkoff-Saxo en remplacement de Roman Kreuziger, interdit de course pour cause d’anomalies sanguines, le Polonais ne devait servir qu’à accompagner Alberto Contador. Impossible donc d’envisager la moindre attaque, moins encore dans les ascensions où son leader était censé construire son hypothétique victoire. Mais après la chute et l’abandon du Pistolero dans les Vosges, Majka, orphelin, n’avait plus personne à servir... On n’est jamais mieux servi que par soi-même, dit-on. Sixième du très montagneux Tour d’Italie 2014, le Polonais a pris le proverbe au pied de la lettre et, dès les Alpes, a pointé le bout de son nez.

Le public français avait découvert ce coureur qui participe à son premier Tour de France la veille, lors de la 13e étape arrivée à Chamrousse, où il avait attaqué en fin de course avant d’être finalement battu par le maillot jaune en personne. Dans la 14e étape, entre Grenoble et Risoul, Rafal Majka a remis ça. Figurant dans un groupe de 17 échappés, il s’est d’abord fait discret, laissant Joaquim Rodriguez, Mikel Nieve-Iturralde et même son équipier Nicolas Roche montrer leur dossard. Quand dans la dernière montée vers Risoul (12,6 km à 6.9% , 1ère cat.) Alessandro De Marchi a attaqué, Majka a observé. C’est qu'une fois rejoint par José Serpa, l’Italien secouait un peu trop le cocotier pour se débarrasser du Colombien. De quelles ressouces dispose-t-on une fois qu’on a fait tomber toutes les noix de coco ? s’est demandé Majka en souriant avec malice. Nous étions à 8,4 km de l’arrivée, le moment que choisit le Polonais pour attaquer à son tour.

Défaillance de Valverde

Il fallut ensuite tenir seul durant les deux tiers du col. car si les échappés avaient fait « pop » comme des grains de maïs au fond d’une poêle, un autre danger guettait : le retour du groupe maillot jaune. Un groupe où la formation AG2R se sentait pousser des ailes. On avait vu Mickaël Chérel, Romain Bardet puis Christophe Riblon aux avant-postes plus tôt dans l’étape. Quand le maillot jaune Vincenzo Nibali décida d’appuyer sur les pédales, seul un homme de l’équipe française réussit à sauter dans sa roue : Jean-Christophe Péraud.

Derrière ce duo, les autres coureurs n’étaient plus que de petits points plus bas dans la montagne, petits comme les pois rouges du maillot de Joaquim Rodriguez, dont les rêves de triomphe dans les Alpes ont vécu. Alors que naissent chez Romain Bardet et Thibaut Pinot des espoirs de podium à Paris. C'est qu'avec un Alejandro Valverde, deuxième au général, victime d'un ennui mécanique, les deux jeunes chiens fous du cyclisme français se sont approchés de l'Espagnol. Pour la première place, en revanche, ou oublie...

Nibali a en effet une nouvelle fois fait montre de son incontestable supériorité. En une attaque, il a mis tout le monde d’accord. Sans doute aurait-il pu revenir sur Majka, tant l’écart avec le Polonais a vite diminué quand il s’est mis en route. Mais il faut aussi savoir laisser des victoires aux autres. Cela fait partie des obligations du champion.
 

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