Kadri vainqueur à Gérardmer, Contador déjà à l’attaque

La 8e étape du Tour de France était aussi la première en montagne. Si Blel Kadri (AG2R) a remporté en solitaire une victoire de prestige, du côté des favoris, un homme a montré les dents : Alberto Contador. L’Espagnol a repris du temps a beaucoup de ses rivaux et s’est même permis de faire un petit écart sur Vincenzo Nibali, toujours en jaune.

Avec la première étape de moyenne montagne, ce samedi entre Tomblaine et Gérardmer, le Tour 2014 a pris de la hauteur au propre comme au figuré. A la clé : une première explication au sommet entre le maillot jaune Vincenzo Nibali et celui qui apparaît plus que jamais comme son grand rival Alberto Contador.

L’étape est devenue intéressante à 40 km de l’arrivée. D’un côté, les trois difficultés du jour, concentrées en fin de parcours, se profilaient sur le massif des Vosges. D’un autre côté, la pluie faisait son apparition et rendait le peloton nerveux. Trois jours après la chute de trop qui a forcé Chris Froome à l’abandon, on craignait la glissade. Aussi chacun tenta-t-il de se placer à l’avant pour limiter les risques. Résultat : l’avance de plus de 12 minutes des échappées fondait à 7 minutes dix kilomètres plus tard, au pied du col de la Croix des Moinats (2e catégorie).

Kadri se fait la belle

L’échappée avait pourtant belle allure, avec Sylvain Chavanel, Niki Tepstra, Blel Kadri, Adrien Petit et SimonYates. Une échappée qui allait d’ailleurs être la première à aller au bout depuis le début du Tour, du moins pour l’un de ses membres. Si Sylvain Chavanel tentait un coup dès les premiers pourcentages, il était vite rejoint par Kadri.

Dans le peloton, les équipiers de Contador vissaient. Cette première étape de moyenne montagne offrait en effet l’occasion de reprendre du temps au maillot jaune Vincenzo Nibali. Après sa déconvenue sur les pavés du Nord, le Pistolero retrouvait un terrain connu et promettait de tirer quelques cartouches. Devant, tandis que Chavanel calait, Kadri poursuivait son effort, avec en ligne de mire, non la ligne bleue des Vosges, mais le maillot à pois rouges du grand prix de la montagne.

Dans une fin d’étape aux allures de montagnes russes, Kadri basculait en tête au sommet de la première bosse avant de s’élancer à l’assaut du col de la Grosse Pierre (2e catégorie), lequel débutait brutalement par un passage à 16%. Dans le peloton, les équipiers de Contador étaient toujours à la manœuvre, non pour reprendre Kadri, parti pour une victoire de prestige qui allait lui valoir le maillot « varicelle », mais pour durcir la course. C’est qu’à l’arrière du peloton, les premières vraies pentes de ce Tour 2014 commençaient à faire des dégâts. Joaquim Rodriguez avait lâché prise, bientôt imité par Michal Kwiatowski et même Pierre Rolland, pourtant fringant depuis le départ. Tandis que Jurgen Van Den broeck et Andrew Talansky, tombé dans la dernière descente, rejoignaient peu après la cohorte des battus du jour.

Contador insiste et gagne

Le maillot jaune Nibali, lui, fumait la pipe, les fesses bien au chaud sur sa selle malgré la pluie et le brouillard. Tout juste s’il jetait un coup d’œil à Contador pour prendre la mesure de son pédalage. Et quand son dernier équipier se releva pour attendre Fulgsang – lieutenant de l’Italien et 2e au général -, le Requin de Messine ne parut pas plus inquiet que ça.

La côte de la Mauselaine, à Gérardmer, classée en 3e catégorie, offrit aux Tinkoff de Contador l’occasion d’en remettre une dernière couche. Ce qui restait du peloton explosa. A la flamme rouge, Contador en personne se chargea de tirer les ultimes cartouches, reprenant au passage les derniers échappés. Nibali, toujours en facteur, presqu’au ralenti, répondit, et il fut bien le seul dans le groupe de tête.

La résistance de l’Italien ayant quelque chose de désobligeant, Contador se secoua à nouveau dans le dernier virage, histoire de marquer le coup. Cette fois, Nibali, céda. Oh, trois fois rien, ou plutôt trois petites secondes, mais de quoi poser la question : face à un Contador très offensif, sur sa lancée du Dauphiné, le maillot jaune va-t-il bientôt changer d’épaules ? Les deux prochaines journées dans les Vosges vont définitivement donner le ton de ce Tour 2014.
 

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