Le Gorille vous salue bien

L’Allemand André Greipel a remporté haut la main la 6e étape du Tour de France en s’imposant au sprint à Reims. Après les trois victoires de Marcel Kittel dans les jours précédents, le cyclisme allemand est décidément le grand vainqueur de cette première semaine de course.

Et à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent. La proverbiale sentence footballistique – qui se vérifie actuellement sur les pelouses brésiliennes – est-elle également valable en cyclisme ?  Oui, à en croire le dénouement de la sixième étape du Tour de France, courue ce jeudi entre Arras et Reims. Car avec la victoire d’André Greipel (Lotto), l’Allemagne porte en effet son total à quatre bouquets en seulement six jours.

Au départ en Artois, on est en droit d’imaginer que cette étape de transition est promise aux sprinteurs… ou plutôt à Marcel Kittel, le Titan de Giant. Mais c’est sans compter sur deux éléments qui vont contrecarrer les désirs de celui qui a déjà enlevé les 1ère, 3e et 4e étapes. Premier caillou dans la chaussette de Kittel, une chute survenue la veille, dans une étape dantesque où les pavés ont jeté à terre de nombreux coureurs et mis hors course le vainqueur sortant, Chris Froome. Car avec cette chute, le corps endolori et le mental soucieux de Kittel ne sont plus les alliés naturels d’une volonté de fer et d’un talent hors nomes.

Coups de bordure

Deuxième caillou : un train Giant dont les wagons n’ont pas été accrochés au bon moment. Si les équipiers de Kittel ont longtemps fait l’effort pour permettre au peloton de revenir sur une échappée – composée de Thomas Leezer, Arnaud Gérard, Jérôme Pineau et Luis Maté – entièrement reprise à seulement 12 bornes de la ligne, ils perdirent en route un élément-clé : John Degenkolb.

Il faut dire que, après les routes mouillées de l’Aisne qui ont mis de nombreux coureurs à terre, les plaines champenoises balayées par un vent de trois-quarts n’offraient d’autres possibilités de cassure que de sournois coups de bordure. Et, sur le Chemin des Dames, c’est déjà un Allemand qui va se trouver à la manœuvre. Après avoir laissé les Giant s’époumoner en tête de peloton durant 175 km, la formation Omega met sur orbite Tony Martin, le meilleur rouleur du monde. Sous son impulsion, des cassures se forment un peu partout, dont Degenkolb sera victime, désorganisant le train Giant. Ajoutez à cela des pépins mécaniques pour Kittel à 2.000 mètres de la ligne, et voilà le sceptre du roi du sprint prêt à changer de main.

La meilleure défense, c’est l’attaque

Sous la flamme rouge, le scénario d’un sprint massif est un temps suspendu par l’attaque de Michal Kwiatkowski (Omega). Malgré une résistance qui dure près de 700 mètres, le Polonais voit soudain fondre sur lui un Greipel surpuissant, se jouant d’Alexander Kristoff, seul coureur à tenir tête – un court instant – au Gorille de Rostock, lequel glane au passage un sixième succès sur le Tour.

Si les favoris sont arrivés avec le premier groupe, Thibaut Pinot et Pierre Rolland, pris dans la dernière cassure, perdent une minute. Soit ces deux-là n’ont pas encore la science de la course d’un Alberto Contador ou d’un Vincenzo Nibali, soit ils ne sont pas entourés, chacun dans sa formation, d’équipiers capables de les faire rouler devant pour mieux les protéger. Pour eux comme pour Kittel, la leçon à retenir de cette sixième étape est que le cyclisme est un sport beaucoup plus collectif qu’il n’y paraît.
 

Partager :