Vingt ans sans Ayrton Senna

Il y a vingt ans jour pour jour, le 1er mai 1994, disparaissait l’un des plus grands champions de l’Histoire du sport automobile : Ayrton Senna. Parti à 34 ans dans un accident lors du grand-prix de Saint-Marin, le Brésilien a laissé une trace indélébile dans son sport et dans son pays.

Jamais un week-end printanier n’aura été aussi triste, dans la petite principauté de Saint-Marin, enclavée au nord de l’Italie. Vendredi 29 avril, lors des essais du troisième grand-prix de Formule 1 de la saison, sur le circuit d’Imola, Rubens Barrichello se blesse gravement et doit être évacué vers l’hôpital. Le lendemain, l’Autrichien Roland Ratzenberger percute un mur à 314km/h et décède à l’hôpital. Il s’agit du premier mort lors d’un grand-prix depuis douze ans et on parle un temps d’annuler la course, mais les 25 pilotes restants sont bien sur la ligne de départ le lendemain, dimanche 1er mai 1994. Deux d’entre eux s’arrêtent au bout de quelques tours de roues, à la suite d’un nouvel accident. Cinq tours plus tard, la course est suspendue. Le temps également.

Parti en pole position, le Brésilien Ayrton Senna vient de louper son virage dans la courbe de Tamburello. Il passe de 306 à 211km/h mais sa colonne de direction est brisée. Sa course se finit dans un mur. Sa vie, elle, se termine le même jour, à l’hôpital Maggiore de Bologne. Aujourd’hui encore, tous les amateurs de sports automobiles se souviennent de l’endroit où ils étaient le jour où est parti celui qui, à 34 ans, était devenu une icône après trois titres de champion du monde, 41 victoires et 80 podiums.

L'hommage d'Alain Prost

Vingt ans plus tard, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont réunies dans la courbe de Tamburello, sur le circuit d’Imola, pour honorer la mémoire du mythe Senna. Parmi la foule, des pilotes contemporains du Brésiliens, tels que Gerhard Berger, Riccardo Patrese et Emanuele Pirro, mais également des plus jeunes, comme Fernando Alonso et Kimi Räikkönen (trois titres de champion du monde à eux deux), qui avaient respectivement 12 et 14 ans au moment du drame.

Ceux qui n’étaient pas présents à Saint-Marin ont tous, sans exception, rendu hommage à Senna, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans la presse. Le message le plus fort est peut-être celui délivré par Alain Prost, dont la rivalité avec Ayrton Senna a longtemps alimenté la légende de la Formule 1. « Ma carrière est complètement liée à lui. Prost c’est Senna, et Senna c’est Prost », a déclaré le Français au micro de BFM TV, avant d’ajouter sur Infosport + : « Il était le héros, et j’étais l’antihéros. » L’écurie McLaren, avec laquelle Senna a remporté ses trois titres de champion du monde, à elle mis en ligne une émouvante vidéo évoquant l’extraordinaire performance de son pilote lors du grand-prix de Monaco 1988.

Le Brésil orphelin

Mais l’émotion la plus palpable vient sans doute du Brésil où, malgré des origines aisées, le pilote automobile s’était imposé dans le cœur d’un peuple de football. A l’occasion des vingt ans de sa disparition, plusieurs Paulistas sont d’ailleurs allés spontanément fleurir la tombe du champion au cimetière de Morumbi, auquel son cercueil avait été conduit accompagné d’une marée humaine, le 5 mai 1994. Mercredi, les joueurs des Corinthians, l’équipe de football favorite d’Ayrton Senna, ont revêtu un casque aux couleurs du Brésil avant leur rencontre de Coupe du Brésil face au Nacional de Manaus.

C’est qu’au Brésil, Ayrton Senna allait bien au-delà de la Formule 1. « C’était un individu remarquable, assure Sir Frank Williams, le patron de l’écurie Williams où Senna a commencé et terminé sa carrière. Il était certainement en route pour devenir président du Brésil. Il avait la politique en tête. » On peut trouver exagérée l’assertion de celui qui considérait le pilote comme son fils. Mais elle ne l’est pas tant que cela. D’après un sondage commandé par Datafolha, Senna reste encore aujourd’hui la plus grande idole sportive pour les habitants de Sao Paulo, sa ville, avec 43%, loin devant Pelé (23%) et Neymar (2%).

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