Loïc Pietri remet le couvert

Champion du monde en titre à Rio en 2013, Loïc Pietri sera l’homme à battre dans la catégorie des moins de 81 kilos lors des championnats d’Europe de judo du 24 au 27 avril à Montpellier. Depuis son sacre au Brésil, le judoka français a changé de statut. Rencontre.

Dans son survêtement officiel de l'équipe de France, les bras musclés ballants le long du corps, la mine réjouie, Loïc Pietri répond aux questions du tac au tac. Comme il le fait sur le tatami quand l'un de ses adversaires tente une attaque. Au siège de la Fédération française de judo, lors de la présentation de la section tricolore, il enchaîne les entretiens comme les Uchi Komi (travail en série qui permet d'améliorer la technique et la vitesse, Ndlr).

Toujours se remettre à l’ouvrage

Avec son kimono, le jeune homme de 24 ans est très à l’aise. Face à vous, il lui faut juste quelques minutes pour lâcher prise. Depuis un an, ce judoka à l’intelligence redoutable a pris l'habitude des interviews et a visiblement fini par y prendre goût. Loïc Pietri est pourtant considéré comme un garçon réservé.

« C'est mon statut qui a changé. Je le sens dans les yeux des gens. Je me souviens de la façon dont je regardais les champions du monde avant... Ça fait bizarre au début, mais après on s'y fait », disait-il après son titre de champion du monde à Rio de Janeiro au Brésil. Depuis douze ans, le judo français attendait un autre champion du monde que Teddy Riner. Comment l'heureux élu vit-il son nouveau statut ? « Je n’ai pas changé. Pour continuer à gagner, il faut rester dans le même état d’esprit et laisser son titre derrière soi », observe-t-il aujourd'hui.

Apprendre à s’écouter !

Loïc Pietri a peaufiné chaque jour son judo à l’Insep pour rester au sommet de son art. « Les championnats d’Europe, c’est toujours un objectif. Mais il faut relativiser, car je ne veux pas me mettre de pression même si j’ai envie d’être bon », argumente-t-il, à peine perturbé par les allées et venues autour de nous. L’Europe est le plus gros continent en termes de judokas dans sa catégorie. A Montpellier, le Français retrouvera peut-être son principal adversaire, le Géorgien Avtandil Tchrikishvili, champion d’Europe en titre. Il était son dauphin lors des Mondiaux de Rio.

Depuis son triomphe, on pourrait imaginer que Loïc Pietri est plus serein avant les grandes échéances. Faux. « Après mon titre à Rio, j’ai eu peur de me sentir trop accompli, balance-t-il. Mais au final, il faut que je sois inquiet. C’est bien de savoir douter de temps en temps pour se remettre en question ». Travailleur acharné, il passe ses journées à l'Insep. Avec son buste en V et ses abdominaux apparents, Loïc Pietri pourrait sortir tout droit d'un film de guerriers vikings. Mais en judo, le corps ne suffit pas.

Pour lui, une chose importante a changé depuis Rio : la façon d’aborder son sport. Il y a plus de réflexion dans sa besogne. « Ce qui fait la différence, c’est lorsque l’on travaille intelligemment. Tout le monde peut s’entraîner dur, reconnaît-il. Il faut laisser une part d’instinct pour être spontané, mais il faut avoir une part de réflexion. On doit toujours chercher le petit truc qui va surprendre l’adversaire ».

Né dans une salle de judo

À Montpellier, Loïc Pietri sera devant son public. Ce qui n’a pas l’air de l'émouvoir. « Je ne fais pas de judo pour la gloire. Je le fais pour moi. Comme pas mal d’autres choses dans la vie, je les fais pour moi. Je ne cherche pas à faire plaisir au public ». Garçon calme, il n’a pas envie de se laisser envahir dans la vie. La reconnaissance de son milieu semble suffire à son bonheur. Dans le dojo de l’Insep, son portrait trône désormais aux côtés de ses illustres ainés champions du monde. C'est déjà beaucoup.

C'est à l'âge de 6 ans, avec pour professeur son père Marcel, que Loïc Pietri a commencé son histoire. Mais son rêve, sa réussite, il les a cultivés seul, relate-t-il : « Je suis né dans une salle de judo. Je me suis toujours imaginé réussir. Je savais que ce serait difficile. Plus le temps passait, plus je comprenais que le judo serait une partie de ma vie. Mais je n’en parlais pas forcément autour de moi. Je n’avais rien à prouver. Au fond de moi, j’ai toujours eu envie de gagner. Mais ce n’est pas la peine de le dire à chaque instant ». Et de conclure : « Si on n’ose pas, on n’arrive à rien. On ne peut pas s’engager à moitié ».


Les Français sélectionnés pour les championnats d'Europe

Sélection féminine :
-48 kg : Amandine BUCHARD, Red Star Champigny (94)
-52 kg : Pénélope BONNA, FLAM 91
-57 kg : Automne PAVIA, US Orléans Loiret Judo Jujitsu (45)
-63 kg : Clarisse AGBEGNENOU, Judo Club Escales (95)
-70 kg : Gévrise EMANE, Levallois Sporting Club (92)
-70 kg : Fanny Estelle POSVITE, Alliance judo Limoges (87)
-78 kg : Lucie LOUETTE, FLAM 91 (91)
-78 kg : Audrey TCHEUMEO, Villemomble Sports Judo (93)
+78 kg : Emilie ANDEOL, Red Star Champigny (94)

Selection masculine :
-60 kg : Vincent LIMARE, JC Maisons Alfort (94)
-66 kg : David LAROSE, Sainte Geneviève Sports (91)
-73 kg : Ugo LEGRAND, US Orléans Loiret Judo Jujitsu (45)
-81 kg : Loïc PIETRI, ACBB Boulogne (92)
-66 kg : Loïc KORVAL, ACBB (92)
-81 kg : Alain SCHMITT, Levallois Sporting Club (92)
-90 kg : Alexandre IDDIR, Levallois Sporting Club (92)
-100 kg : Cyrille MARET, Levallois Sporting Club (92)
+100 kg : Teddy RINER, Levallois Sporting Club (92)

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