L’Observatoire du football, groupe de recherche du Centre international d'étude du sport (CIES), a publié ce mardi 8 avril sa lettre hebdomadaire, dans laquelle il montre que les trois premiers des cinq grands championnats européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France, Italie) ont obtenu 75,5% de points possibles cette saison. Un record par rapport aux années précédentes, censé montrer le déséquilibre grandissant entre les grosses équipes et les autres dans ces championnats. Chaque année, en effet, l’Observatoire du football s’amuse à prédire les classements à l’avance, prétendant ainsi prouver la prévisibilité du football moderne. Une équipe pourtant, remet en cause cette théorie depuis le début de la saison.
Diego Costa sur les talons de Messi et Ronaldo
Et cette équipe, ce n’est pas Manchester United. Certes, les Anglais, qui se déplacent à Munich ce mercredi après avoir concédé le nul (1-1) à domicile à l’aller, effectuent une saison bien en dessous des standards auxquels ils nous avaient habitué ces vingt dernières années, mais c’est bien en Espagne qu’il faut aller chercher la vraie grande surprise de cette année. Lors des cinq dernières saisons, le FC Barcelone et le Real Madrid avaient trusté les deux premières places de la Liga, reléguant le troisième entre 17 et 39 points derrière le champion selon les années. Lors de l’exercice en cours, l’Atletico Madrid a complètement chamboulé l’ordre établi par les deux mastodontes, et occupe même depuis quatre journées le siège de leader.
Avec trois défaites seulement en 32 matches, les Madrilènes font mieux que tenir le rythme d’enfer qu’ont pris l’habitude d’imposer leurs deux grands poursuivants (quatre défaites chacun). Aussi impressionnant, voire davantage : leur meilleur buteur Diego Costa (25 buts) reste lui aussi dans le sillage de ceux que l’on croyait surhumains, Lionel Messi (25) et Cristiano Ronaldo (28). Sorti rapidement sur blessure lors du match aller à Barcelone (1-1), le Brésilien naturalisé espagnol reste encore incertain pour le retour au stade Vicente Calderon. « Il est pour nous aussi important que Cristiano Ronaldo au Real Madrid et Messi au Barça. Mais un joueur doit être au moins à 90% pour jouer », considère Diego Simeone, l’entraîneur de l’Atletico.
Le retour du « Cholo » Simeone
Avec Diego Costa, le coach argentin est le deuxième grand artisan du succès des Colchoneros. Ancien milieu défensif de très haut niveau de l’Atletico Madrid (entre autres) et de la sélection albiceleste, « El Cholo » a fait ses classes sur les bancs de son pays avant de venir faire flamber son ancien club. Considéré comme l’un des plus grands espoirs parmi les tacticiens actuels, Simeone est un entraîneur de principes. Un homme capable de répondre ainsi à la question de savoir qui du Barça ou de l’Atletico a le plus de pression avant le retour : « Je ne crois pas qu'il y ait de la pression mais plutôt une responsabilité. C'est notre responsabilité d'aller de l'avant avec ce match important, et celle de Barcelone est de poursuivre. La pression, seuls l'ont ceux qui n'ont pas d'argent pour nourrir leurs enfants. »
L’Atletico n’a pourtant pas attendu ses deux Diego pour monter en puissance. En 2010, alors que Costa n’est pas encore parvenu à s’imposer en rouge et blanc, et que Simeone n’est pas encore revenu défendre ses anciennes couleurs, le club madrilène remporte déjà la Ligue Europa, son premier trophée européen, avant d’en ajouter une nouvelle à son palmarès deux ans plus tard. A chaque fois, l’Atletico s’est même permis de conquérir la supercoupe d’Europe dans la foulée face au vainqueur de la Ligue des champions (contre l’Inter Milan puis contre Chelsea). Après quatre matches nuls en autant de rencontres face à Barcelone cette saison, les Colchoneros ont l’occasion d’atteindre le dernier carré de la C1 pour la première fois depuis quarante ans et leur finale perdue de 1974. En cas de désillusion, ils pourront néanmoins se rattraper en championnat. Leur sixième confrontation avec le Barça aura lieu le 18 mai prochain, dans le cadre de la dernière journée de Liga. Ces deux matches nous diront si, oui ou non, l’Atletico a atteint une nouvelle dimension.