De notre envoyé spécial à Nice,
Issiaka Cissé a le sourire timide de ses 21 ans. Le cycliste ivoirien vient de finir onzième de la course sur route des Jeux de la francophonie 2013, ce 8 septembre à Nice. Mais la place de meilleur coureur africain du jour ne le fait pas non plus bondir de sa selle. « Le niveau était élevé, même s’il manquait plein de coureurs, explique-t-il. C’était une bonne expérience. Je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais durant cette compétition. Mais j’ai fini la course et c’est l’essentiel pour moi ».
Un stage en Suisse bénéfique
Cissé est actuellement un des meilleurs espoirs du cyclisme d’Afrique de l’Ouest. « Issiaka est l’exemple type du cycliste qui, au départ, est un bon petit coureur en Côte d’Ivoire, puis qui franchit une marche ou deux grâce à son passage au Centre mondial du cyclisme (CMC) », explique le Français Laurent Bezault, consultant auprès de l’Union cycliste internationale (UCI).
En 2012, l’Ivoirien tape en effet dans l’œil des cadres du CMC qui l’invitent alors à venir en Suisse pour se perfectionner. De ce séjour à Aigle, Issiaka Cissé ne retient que du positif. « Le niveau là-bas est très élevé. J’ai appris la manière de me comporter durant une course. Je suis très content d’être au CMC, même si je n’ai pas eu la chance de gagner des étapes. » Laurent Bezault pense aussi que l’expérience a été plus que bénéfique : « Issiaka est quelqu’un de plutôt réservé et de calme. Mais il s’est épanoui en allant à l’étranger. C’est un coureur qui a progressé dans tous les domaines. »
Passer professionnel, un rêve
Issiaka Cissé espère maintenant se faire remarquer par une équipe professionnelle en Europe. « Mon rêve, c’est de courir au même niveau que des Européens, comme le font quelques coureurs Africains, explique-t-il. Il y en a certains, comme l’Erythréen Natnael Berhane, qui sont dans des équipes professionnelles (Europcar en France, NDLR). Ça, c’est vraiment un rêve pour moi ».
Percer au plus haut niveau ne serait pas une mince affaire pour un garçon dont le pays ne jure que par le football. « J’ai fait beaucoup d’efforts pour arriver à ce niveau, affirme-t-il. Il y a plein de footballeurs chez nous. Tout le monde joue au football. Mais moi, j’ai choisi le vélo parce que dans ce sport, il y a la souffrance, l’amitié ».
Devenir le Didier Drogba du vélo
Une beauté qui échappe parfois aux proches d’Issiaka Cissé. « Avec la famille, c’est parfois difficile parce que certains ne comprennent pas trop le cyclisme, souligne le coureur. Ils me demandent "mais tu vas faire quoi dans le vélo ?". Je leur explique au fur et à mesure. Et, finalement, ils voient que ça se passe bien et ils m’encouragent à être encore plus fort. »
Le cyclisme restera de toutes les façons, quoi qu'il arrive, une histoire de famille pour Cissé. « Tout a commencé parce qu’un de mes frères avait un vélo et qu’il refusait de me le prêter, raconte-t-il. J’ai insisté et, après, c’était parti ! […] Un nouveau club de cyclisme a ouvert et ils avaient besoin de nouveaux coureurs. Donc je suis allé faire un test et ça a marché. Dès la deuxième année, je me suis retrouvé en équipe nationale ». Ne reste plus désormais qu’à devenir le Didier Drogba du cyclisme pour être reconnu en Côte d'Ivoire. « Ce serait bien, je pense », rit Issiaka Cissé, déjà un petit peu moins timide.