Au téléphone, la voix est juvénile et la politesse extrême. A 22 ans, Melinda Hennaoui martyrise peut-être les défenses adverses du haut de ses 176cm. Mais l’attaquante Franco-Algérienne répond avec douceur quand on la questionne sur le volley-ball, l’Algérie et les Jeux olympiques. Elle parle « d’amour », « d’entraide », « de sincérité », des termes presqu’anachroniques dans le sport de haut niveau.
Le volley-ball, une histoire de famille
C’est que Melinda Hennaoui baigne dans le volley-ball depuis sa naissance à Bouira, en Algérie, et son enfance dans la région lyonnaise. « Le volley-ball, c’est une histoire de famille, explique-t-elle. Ma maman a été capitaine de l’équipe d’Algérie. Elle a remporté la médaille d’or aux Jeux africains (en 1978) ». La mère a transmis sa passion à ses filles Sehryne (24 ans – passeuse au Hainaut Volley) et Melinda, même si la petite dernière a surtout voulu suivre sa sœur : « Jouer au volley-ball, au départ, c’était un prétexte pour passer encore plus de temps avec ma sœur. C’est elle qui m’a motivée. Puis, ça a été la compétition. A partir de 8 ou 9 ans, je n’ai plus voulu lâcher le ballon. Je voulais devenir la meilleure avec l’aide de mes partenaires. »
Dans le Rhône, Melinda Hennaoui franchit progressivement les échelons. Avec le Pôle Espoirs de Lyon, la Franco-Algérienne est élue meilleure joueuse du Championnat Interpoles 2006. Elle est alors repérée par les dirigeants de l’Istres Ouest Province où l’attend un contrat de stagiaire professionnelle. Après une saison de rodage, la joueuse rejoint ensuite l’Ussp Albi.
L’Algérie l’a séduite
Puis, lorsque la Fédération algérienne se manifeste avant les Jeux olympiques 2008, Melinda Hennaoui n’hésite pas une seconde, même si elle a quitté son pays d’origine à l’âge de 4 ans. « L’équipe d’Algérie m’a permis de revenir aux sources, dit-elle. Grâce à elle, je connais l’Algérie. Sans la sélection, je ne sais pas si j’aurais eu l’opportunité de connaître le pays où je suis née ».
L’équipe nationale lui permet aussi de découvrir le très haut niveau. Au JO de Pékin, elle découvre un autre univers. « Tant qu’on n’a pas vécu des JO, on ne sait pas ce que c’est, s’émeut-elle. C’était incroyable. On se sentait vraiment comme des stars. Les gens nous demandaient des t-shirts, des shorts. On jouait dans des salles pleines à craquer. C’était beau à voir. J’espère qu’on va faire de beaux JO à Londres ».
Une médaille d’or comme sa mère
A quelques semaines des Jeux 2012, l’enthousiasme de Melinda reste intact malgré une éclipse de deux ans en équipe nationale et un contrat en club qui s’achève à la Stella Calais. « Les Algériens adorent le volley-ball, maintenant qu’on ramène des titres ! », s’amuse-t-elle. Médailles d’or aux Championnat d’Afrique 2009, aux Jeux africains 2007 et 2011 ; médailles d’argent aux Championnats d’Afrique 2007 et 2011. Melinda était des CAN et Jeux africains 2011. « Ma sœur et moi, on était émues à Maputo. On a remporté la même médaille que notre mère, glisse-t-elle. On a suivi notre exemple ! »
De fait, Melinda Hennaoui a déjà fait mieux puisqu’elle va disputer ses seconds JO. Mais, prévient-elle : « On ne la taquine pas ! On ne peut pas taquiner une maman ! Elle est fière de nous. » La famille suivra attentivement les prestations de Melinda et de l’équipe d’Algérie aux Jeux 2012. A Londres, les Algériennes tenteront de remporter une toute première victoire aux JO, en phase de poules, face à la Grande-Bretagne (pays hôte), la Russie, l’Italie, la République Dominicaine et le Japon.