La fraude sportive s'étend comme un cancer dans le monde du football. Si le football asiatique est fortement touché depuis longtemps, l’Europe de l’Est devient depuis quelques années le terrain de jeu des mafias des matchs truqués.
Selon le livre noir publié par le syndicat international des footballeurs (FIFPro), 40% des footballeurs de ces pays ne sont pas payés régulièrement et 12% auraient déjà été approchés pour truquer des matchs.
Même les plus grands pays de football de l’Europe de l’Ouest ne sont plus épargnés. En témoigne l’énorme procès qui va commencer en Italie le jeudi 31 mai sur ce qu'on appelle le « calcio scommesse », autrement dit les paris sportifs truqués.
Environ 50 joueurs et 22 clubs se retrouveront sur le banc des accusés
Une centaine de personnes seront entendues, dont plus de cinquante joueurs, dans une affaire dans laquelle 22 clubs se retrouveront sur le banc des accusés, dont trois qui évoluaient cette saison en première division (Atalanta, Sienne, Novara). Parmi les personnes mises en cause, Antonio Conte, l’entraîneur du champion d’Italie, la Juventus de Turin, même si les faits le concernant se sont déroulés la saison dernière, alors qu’il officiait à Sienne.
Pour le journaliste italien Matteo Cioffi, l’inquiétude et le manque de confiance font qu’un nombre grandissant d’Italiens regardent le sport national, le « calcio », de manière suspecte. Le public espère que la justice saura se montrer très sévère, même si la présence de la mafia contribue à ce que le phénomène soit difficile à contrôler.
Malheureusement, d’autres pays européens sont affectés, notamment ceux frappés par la crise, comme l'Espagne où la Grèce, où des clubs en état de quasi faillite sont des proies idéales.
Les dirigeants, faute de pouvoir payer les salaires des joueurs, les incitent à parier puis à arranger le résultat. En revanche, la France semble pour l’heure relativement épargnée, en raison notamment des faibles montants des paris sportifs en ligne concernant le football.
Mais Jean-François Vilotte, président de l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) ne se faire guère d'illusions : « Le mouvement sportif français devrait être plus attentif aux paris qui se font sur les matchs français à l’extérieur de nos frontières, prévient-il. S’il n’y a pas des faits de corruption révélés, c’est peut-être, soyons optimistes, parce qu’il n’y a pas eu de corruption. Mais si on veut être plus lucide, c’est parce qu’il n’y a pas d'instruments de détection de ces anomalies ».
Le président de l'Arjel préconise donc la création d'une agence européenne, voire mondiale, pour lutter contre la fraude sportive. Un peu comme ce qui a été fait pour le dopage. Un projet que soutient le président François Hollande, qui s’est engagé dans ce sens pendant la campagne électorale. En attendant, il reste encore beaucoup à faire, notamment au niveau des instances sportives comme la Fifa qui, malgré un début de collaboration avec Interpol, semble encore loin d'avoir pris la pleine mesure du problème.