Doit-on blâmer le prix des billets ou la chute de notoriété de l’équipe de France ces dernières années ? Tout ce que l’ont peut répondre c’est que la Donbass Arena de Donetsk, d’une capacité de 55 000 places, aurait sans doute réuni plus de 10 000 spectateurs si l’adversaire s’était appelé Espagne, Brésil ou Pays-Bas. Pour des Ukrainiens privés de matchs à enjeu car qualifiés d’office pour l’Euro 2012 en tant que pays organisateur (avec la Pologne), un match de préparation contre la France n’est donc pas un évènement.
0-0 à la mi-temps
Cet état de fait s’explique de différentes façons, de la plus lointaine à la plus proche. D’abord, un piètre spectacle offert lors du mondial 2010, ensuite, un match sans âme en Biélorussie (1-1) ce vendredi, et enfin une première heure de jeu nourri à l’ennui ce lundi 6 juin en Ukraine. C’est bien simple, il ne s’est strictement rien passé en première période en dehors d’une frappe non-cadrée de Gusev qui a fait un peu frémir les spectateurs à la 40e minute. Côté français : une tête décroisée de Rémy contrée par ce même Gusev (21e), une faible frappe en pivot d’un Gameiro de toute façon signalé hors-jeu (46e) et quelques percées de Jérémy Menez, le seul Français en mesure d’apporter un peu de vie et de danger.
Bien sûr, on trouvera toujours des excuses plus valables que celles sorties après le match contre les Biélorusses, disputé par l’équipe-type du sélectionneur Laurent Blanc. Ici, les onze joueurs titularisés ne totalisent que 87 sélections, soit autant que Fabien Barthez, le dixième joueur le plus capé de l’Histoire des Bleus. Cela se sent dans les tentatives de relances hasardeuses de la charnière centrale composée par Mamadou Sakho (21 ans, 4e sélection) et Younès Kaboul (25 ans, 1ère sélection). Cela se sent aussi dans la difficulté qu’ont les joueurs français à fonctionner comme une vraie équipe.
Doublé de Martin, but de Kaboul
A défaut de voir plus de jeu en début de deuxième période, on y voit au moins des buts. Celui de Tymoschuk, qui ouvre le score d’une frappe flottante de 35 mètres mal jaugée par Steve Mandanda (1-0, 53e), et celui de Kevin Gameiro, son premier en équipe de France de l’extérieur du pied après un une-deux involontaire avec un défenseur (1-1, 58e). Revenu à égalité, il est temps de faire des expériences pour Laurent Blanc, qui change d’abord toute sa ligne d’attaque, sortant Rémy, Gameiro et Menez pour les cadres Benzema, Malouda et Ribery (65e). Dix minutes plus tard, le sélectionneur procède à nouveau à un triple changement : Abou Diaby et Eric Abidal remplacent respectivement Blaise Matuidi et Mamadou Sakho tandis que Yohan Cabaye sort pour le jeune Sochalien Marvin Martin (76e).
Pour sa première apparition en bleu, le meilleur passeur du dernier championnat de France ne fait pas les choses à moitié. Martin commence par éliminer Tymoschuk d'un crochet extérieur avant de donner l'avantage à son équipe d'une frappe de plus de vingt mètres au ras du poteau (2-1, 87e). Le novice offre ensuite le troisième but, sur corner, à un Younès Kaboul complètement oublié par la défense ukrainienne et qui rabat le ballon de la tête au fond des filets (3-1, 89e). Martin termine son festival sur un doublé dans les arrêts de jeu. Servi par Benzema dans le dos d'une défense qui a complètement lâché la pression, le Sochalien frappe au premier poteau et ne laisse aucune chance à Pyatov (1-4, 92e). Si les matchs duraient quelques minutes de moins, on n'aurait pu tirer aucune conclusion de celui-ci. Mais ils tirent plus de 90 minutes et c'est tant mieux, car les milieux de terrain de l'équipe de France savent maintenant que la concurrence ne leur laissera pas de répit.
Ukraine - France : 1-4
UKR : Tymoschuk (53e).
FRA : Gameiro (58e), Martin (87e, 92e) et Kaboul (89e).