Coupes du monde 2018-2022: la planète foot en ébullition à Zurich

C’est jeudi 2 décembre aux alentours de 15h00 TU que seront désignés les pays-hôtes des Coupes du monde 2018 et 2022. A quelques heures de l’annonce fatidique, la pression était maximale pour influencer la décision des vingt-deux votants. Favoris de beaucoup, l’Angleterre (2018) et les Etats-Unis (2022) ne sont sûrs de rien.

Deux Coupes du monde à répartir entre neuf candidatures regroupant onze pays situés sur quatre continents, il y aura forcément beaucoup de déçus lorsque, sur les coups de 16h00 locales (15h00 TU), le président de la FIFA Sepp Blatter dévoilera jeudi les noms des élus. S’il y avait une logique géographique, voire une forme de justice footballistique, la Russie pour 2018 et le Qatar ou l’Australie pour 2022 emporteraient sans doute l’investiture au simple nom de la nouveauté. Aucun de ces trois pays n’a en effet organisé jusqu’ici de tournoi international de football d’envergure, contrairement à tous leurs concurrents (1).

Lobbying et accusations de corruption

Comme c’est aussi le cas pour les Jeux Olympiques, ce ne sont cependant pas la logique et la justice et encore moins la sympathie qui font pencher la balance dans ce type de compétition mais plutôt les projections du volume des profits générés ainsi que le lobbying, voire la corruption. C’est d’ailleurs en raison de cette corruption supposée que seulement vingt-deux membres du Comité Exécutif de la FIFA (au lieu des vingt-quatre existants) participeront au vote, le Polynésien Reynald Temarii et l’Africain Amos Adamu étant suspendus par la FIFA après avoir été accusés d’avoir reçu des dessous-de-table.
 

LES VINGT-DEUX VOTANTS 
Joseph Blatter (Suisse)
Julio Grondona (Argentine)
Issa Hayatou (Cameroun)
Chung Mong Joon (Corée du Sud)
Jack Warner (Trinité-et-Tobago)
Angel Maria Villar Llona (Espagne)
Michel Platini (France)
Geoff Thompson (Angleterre)
Michel D'Hooghe (Belgique)
Ricardo Terra Teixeira (Brésil)
Mohamed Bin Hammam (Qatar)
Senes Erzik (Turquie)
Chuck Blazer (Etats-Unis)
Worawi Makudi (Thaïlande)
Nicolas Leoz (Paraguay)
Junji Ogura (Japon)
Marios Lefkaritis (Chypre)
Jacques Anouma (Côte d'Ivoire)
Franz Beckenbauer (Allemagne)
Rafael Salguero (Guatemala)
Hany Abo Rida (Egypte)
Vitaly Mutko (Russie)

A vingt-quatre heures de l’annonce, l’Angleterre pour 2018 et les Etats-Unis pour 2022 semblaient tenir la corde. Nul doute que si ces deux pays anglophones emportaient l’investiture, le monde du foot pourrait dormir tranquille pour les douze ans à venir car la capacité des Anglais et des Américains à organiser ce type d’événement n’est plus à démontrer. Au pays de la Premier League, la passion du football touche toutes les strates de la société et, à Zurich, on n’a pas oublié que la Coupe du monde américaine détenait toujours, depuis 1994, le record du taux de remplissage des stades sur un Mondial, ni que la plupart des principaux sponsors de la FIFA étaient des société US.

Sûrs d’eux, les Anglais redoutent néanmoins un dernier sprint des Russes voire un retour dans la course de la candidature Hispano-Portugaise, la Belgique et les Pays-Bas paraissant nettement distancées pour cette édition 2018 octroyée à l’Europe. La Russie devra sacrément se retrousser les manches en terme d’infrastructures si elle est choisie mais elle recueillera forcément des voix en Europe et ailleurs. Plombés par la crise économique, Espagnols et Portugais bénéficieront certainement du soutien des hispanophiles qui sont légion dans les arcanes de la FIFA. Les Anglais pâtiront-ils aussi du fait que c’est la presse anglaise qui a dévoilé les affaires de corruption ? C’est l’une des craintes, outre-manche.

Difficile pour l'Asie

S’agissant de 2022, les Américains ont contre eux le fait d’avoir déjà été servis en 1994. Mais c’est un handicap qui vaut encore davantage pour le Japon et la Corée du Sud lesquels se présentent cette fois séparément mais seulement huit ans après leur organisation commune du Mondial 2002. La rumeur laissant entendre qu’une candidature chinoise se trame pour 2026, l’Asie risque de devoir attendre son tour en 2022.

Restent donc l’Australie et le Qatar, deux terra incognita du football, pour contrecarrer les Etats-Unis. Richissime et très préparé, le Qatar présente des inconvénients de taille car il est exigu et caniculaire en été. Membre de la Confédération asiatique mais située en Océanie, l'Australie demeure avant tout un pays de rugby et son principal défaut est l’éloignement, surtout en terme de fuseau horaire. C’est un réel problème pour les diffuseurs télé dont on sait qu’ils ont aussi leur mot à dire en coulisse dans les négociations. Alors Angleterre en 2018 et Etats-Unis en 2022 ? Réponse ce jeudi vers 15h00 TU.

(1) L’Angleterre a organisé la Coupe du monde 1966 et l’Euro 1996, l’Espagne la Coupe du monde 1982, les Etats-Unis la Coupe du monde 1994, le Japon et la Corée du Sud la Coupe du monde 2002, la Belgique et les Pays-Bas l’Euro 2000 et le Portugal l’Euro 2004

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