Le Mexique bat une France amorphe

En battant la France logiquement par 2 buts à 0, le Mexique entrevoit les portes des 8e de finale de la Coupe du monde sud-africaine. Pour les Tricolores, la qualification passera par une victoire sur le pays hôte et un coup de pouce des Mexicains ou des Uruguayens. 

Cela pendait au nez des hommes de Raymond Domenech, c'est arrivé ce soir, à Polokwane, face au Mexique : la France a été battue sans contestation (2-0), à l'issue d'une rencontre où ses problèmes actuels sont apparus plus criants que jamais. L'attaque des Bleus s'est montrée inefficace tandis que la défense prenait l’eau face à la vitesse adverse. Le seul compartiment du jeu qui tenait encore la baraque ces derniers temps – le milieu – a aussi été dépassé.

Dès la 3e minute, un tir de Giovani atterrissait sur le poteau. Même si le jeune prodige aztèque était signalé hors jeu, cette action donnait le ton : le Mexique allait se montrer dangereux sur les phases offensives, particulièrement dans l’axe, où Gallas et Abidal semblaient régulièrement dépassés. Comme à la 5e minute, quand Lloris dut sortir au pied hors de sa surface pour écarter le danger. Dans la construction, les Français se montraient impatients. Malouda (11e) et Ribéry (13e) centraient tour à tour dans le vide.

Le match était toutefois alerte et le ballon volait de surface en surface sans que les milieux de terrain pussent imposer leur technique. A partir de la 20e minute, le Mexique allait prendre l’ascendant. L’arrière Salcido, très remuant sur son côté gauche, tirait de peu à côté puis se jouait de Sagna (27e). Mais Lloris faisait bonne garde. A la 33e minute, le gardien français se faisait une frayeur en sortant devant Pereira, tout juste entré à la place de Vela.

Toulalan suspendu

Devant, les Français manquaient de spontanéité et d’imagination pour tromper la vigilance d’une défense mexicaine appliquée. Seul mouvement à signaler en fin de première période : un tir d’Anelka sans conviction qui passait au dessus. Et alors que le match n’en était qu’à sa première moitié, un signe du destin venait plomber l’ambiance du club France : Toulalan stoppait irrégulièrement un contre adverse juste avant le repos. Le Lyonnais écopait d’un carton jaune qui le suspendra contre l’Afrique du Sud.

En seconde mi-temps, l’entrée de Gignac à la place d’un Anelka transparent ne changeait pas le scénario. Le Toulousain attendra en effet la 74e minute pour placer une première frappe… au dessus. Moins maladroit, Malouda obligera le gardien mexicain à se détendre pour repousser une tentative qui prenait la direction des filets (54e). Mais, en cette deuxième période, le danger venait plus que jamais du camp adverse. Et ce qui devait arriver arriva à la 64e minute. Parti à la limite du hors-jeu, Javier Hernandez s’en allait dribbler Lloris et marquait dans le but vide (1-0).

Pas de rébellion française

Avec un but de retard, on attendait de la France qu’elle prît des risques ! qu'elle emballât le match ! qu’elle jouât son va-tout ! Et que vit-on en guise de rébellion ? Rien. Les Mexicains tenaient la balle et la faisait courir pour réchauffer la pelouse du stade de Polokwane prise dans le froid de l’hiver austral. Déboussolés, les Français commettaient l’irréparable par l’intermédiaire d’Eric Abidal qui séchait Barrera dans la surface : penalty ! Malgré un bon plongeon de Lloris – un des rares tricolores à avoir tenu son rang ce soir –, Blanco transformait l’essai : 2-0 pour le Mexique (79e). La réaction qui n’était pas venue avec un but de retard se fera plus que jamais attendre une fois la mise doublée.

Cette victoire indiscutable des Mexicains met les hommes de Javier Aguirre en excellente posture pour la qualification au deuxième tour dans le groupe A. Un match nul face à l’Uruguay les enverrait directement en 8e de finale. Problème : le goal-average leur donnerait la seconde place et, très probablement, l’Argentine comme adversaire. Cette perspective est une chance pour l’équipe de France. Si elle n’a plus son destin entre les mains, elle peut encore espérer passer miraculeusement malgré les carences affichées. Pour cela, une victoire mardi face à l’Afrique du Sud est indispensable. Mais la France de Raymond Domenech sait-elle encore gagner ?

Jean Damien Lesay, envoyé spécial à Johannesburg
 

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