Une fois n’est pas coutume, le gardien remplaçant de l’équipe du Brésil était à l’honneur, hier, en conférence de presse. Dans une sélection auriverde qui fait la part belle à l’attaque, le dernier rempart fait en effet souvent office de laissé-pour-compte. Alors lorsqu’il s’agit d’un remplaçant…
Bien sûr, Heurelho Gomes, l’homme qui durant deux matchs de préparation a tenté de faire oublier Julio Cesar, blessé au dos face au Zimbabwe (3-0 pour le Brésil), n’est pas le premier venu. C’est avec un plaisir mal dissimulé que le portier de Tottenham (Angleterre) s’est livré, aujourd'hui, aux questions de centaines de journalistes brésiliens dans le cadre tout en verdure et en tranquillité de l’hôtel de la Seleçaõ, à Randpark, au pied d’un superbe parcours de golf, dans le nord de Johannesburg.
« Je me considère comme l'un des meilleurs du monde »
Si elle est amoureuse des siens, la presse brésilienne n’en est pas tendre pour autant. Qui aime bien châtie bien… Les échanges ont été l’occasion pour Gomes d’assurer qu’il n’était « pas l’ombre de Julio Cesar » avant de se déclarer prêt à le remplacer en cas de défaillance prolongée. C’est que l’homme est à la fois respectueux du talent de son camarade… mais également conscient du sien. « Nous espérons tous qu’il sera là, il le mérite, il est le meilleur du monde actuellement », a déclaré Gomes, avant d’ajouter : « Et je me considère moi-même parmi les meilleurs. »
A défaut de briguer la place dans les buts lorsque Julio Cesar sera rétabli, une chose est sûre, Gomes fait désormais figure de numéro 2 dans la hiérarchie des gardiens brésiliens, devant Doni. Et pour bien prendre la mesure de cette nouvelle stature, il s’est même fendu d’une défense très solidaire de ses lignes arrière, et en particulier de Felipe Melo, attaqué après le hourra-football produit face à la Tanzanie (victoire du Brésil 5-1). « Il suffit de s’entraîner pour corriger les erreurs », a tenté de rassurer Gomes. Seulement le temps de l’entraînement est terminé pour les hommes de Dunga. Si la Corée du Nord ne les effraie pas – au point qu’ils avouent benoîtement ne pas savoir grand-chose sur ce premier adversaire –, ils sont toutefois conscients qu’en Coupe du monde personne ne leur fera le cadeau de se porter généreusement vers l’avant au risque de se découvrir, pas même les Nord-Coréens. Pour le gardien brésilien, qu’il s’agisse de Julio Cesar, s’il se remet à temps comme cela semble le plus probable, ou de Gomes, le retour dans l’ombre risque d'être douloureux. Raison de plus pour profiter de chaque rayon de soleil qui passe.
Jean Damien Lesay, envoyé spécial à Johannesburg