Des portions de côtes et de mer riches en biodiversité sont classées aires marines protégées (AMP). Certaines l’ont été il y a plus de 20 ans. Au cœur de ces zones, qui sont gérées avec la population, une partie est complètement interdite d’activités pour y permettre la reproduction des espèces, c’est la réserve dite « intégrale ».
Denis Ody, océanographe, en tire un bilan : « On a calculé sur six aires marines protégées au cours d’un programme scientifique, que dans [une seule], je parle là d’une réserve intégrale, les poissons sont en moyenne 1,3 fois plus gros [et] l’abondance de poissons est à peu près deux fois supérieure [que dans des surfaces non protégées]. Ce qui veut dire que ce poisson-là, qui va grossir, qui va produire plus d’œufs, qui va devenir plus abondant, au bout d’un moment va sortir de la réserve parce qu’il n’y a plus de place, et à ce moment là, il profitera à la pêche. Et on a calculé que ça pouvait représenter plusieurs centaines de tonnes. »
Une initiative qui a donc fait ses preuves. Reste à connaître la surface à protéger de la sorte afin de sauvegarde la biodiversité des océans. Selon Denis Ody, les scientifiques tablent sur 10 à 20% de la surface globale des océans, « mais là on parle bien de réserves intégrales », c’est-à-dire d’endroits où l’on va retrouver « des conditions naturelles qui prévalaient avant l’exploitation [...] par l’homme. »
Question de sous
Or aujourd’hui, nous en sommes à un peu moins de 1%. Mais une étude montre que dans l’aire marine protégée de Port-Cros, en Méditerranée, chaque euro investi depuis dix ans en a rapporté 90. Un argument économique à même d'accélérer le processus.
L'argument économique, c'est aussi ce qu'avance le WWF, le Fonds mondial pour la nature, mais pour faire respecter une éthique envirronementale. « Pourquoi est-ce qu’on ne ferait pas une petite taxe au mille parcouru qui permettrait de travailler sur des navires moins polluants, de protéger des zones, de gérer peut-être la pêche en haute mer », propose ainsi Isabelle Autissier, célèbre navigatrice devenue présidente du WWF France. Pour celle qui fut la première femme à traverser l’Atlantique en régate et en solitaire, il est temps de dire : « Si vous utilisez la nature, et bien vous paierez un peu ».