Environnement: quel bilan pour les aires marines protégées?

Ce 8 juin est la journée mondiale des océans. Ceux-ci représentent plus de 70 % de la surface de la Terre. Ils sont aussi l’un des poumons de la planète, ils nous nourrissent, mais ils vont mal. Pour les protéger, des zones de protection de la diversité biologique et de son habitat, ont été créées : les aires marines protégées (AMP).

Des portions de côtes et de mer riches en biodiversité sont classées aires marines protégées (AMP). Certaines l’ont été il y a plus de 20 ans. Au cœur de ces zones, qui sont gérées avec la population, une partie est complètement interdite d’activités pour y permettre la reproduction des espèces, c’est la réserve dite « intégrale ».

Denis Ody, océanographe, en tire un bilan : « On a calculé sur six aires marines protégées au cours d’un programme scientifique, que dans [une seule], je parle là d’une réserve intégrale, les poissons sont en moyenne 1,3 fois plus gros [et] l’abondance de poissons est à peu près deux fois supérieure [que dans des surfaces non protégées]. Ce qui veut dire que ce poisson-là, qui va grossir, qui va produire plus d’œufs, qui va devenir plus abondant, au bout d’un moment va sortir de la réserve parce qu’il n’y a plus de place, et à ce moment là, il profitera à la pêche. Et on a calculé que ça pouvait représenter plusieurs centaines de tonnes. »

Une initiative qui a donc fait ses preuves. Reste à connaître la surface à protéger de la sorte afin de sauvegarde la biodiversité des océans. Selon Denis Ody, les scientifiques tablent sur 10 à 20% de la surface globale des océans, « mais là on parle bien de réserves intégrales », c’est-à-dire d’endroits où l’on va retrouver « des conditions naturelles qui prévalaient avant l’exploitation [...] par l’homme. »

Question de sous

Or aujourd’hui, nous en sommes à un peu moins de 1%. Mais une étude montre que dans l’aire marine protégée de Port-Cros, en Méditerranée, chaque euro investi depuis dix ans en a rapporté 90. Un argument économique à même d'accélérer le processus.

L'argument économique, c'est aussi ce qu'avance le WWF, le Fonds mondial pour la nature, mais pour faire respecter une éthique envirronementale. « Pourquoi est-ce qu’on ne ferait pas une petite taxe au mille parcouru qui permettrait de travailler sur des navires moins polluants, de protéger des zones, de gérer peut-être la pêche en haute mer », propose ainsi Isabelle Autissier, célèbre navigatrice devenue présidente du WWF France. Pour celle qui fut la première femme à traverser l’Atlantique en régate et en solitaire, il est temps de dire : « Si vous utilisez la nature, et bien vous paierez un peu ». 

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