Selon l’Agence de sécurité sanitaire et environnementale (ANSES), de nombreuses études attestent des effets de la pollution atmosphérique urbaine sur la santé de la population. Depuis 2009, les pics de particules fines et ultras fines, d’oxydes d’azote et d’ozone, ont été corrélés à une surmortalité. Les oxydes d’azote, émis par les moteurs diesel, avec ou sans pot catalytique, et les particules fines, en particulier issues de la combustion imparfaite du diesel, sont directement dangereux pour la santé humaine. Fin 2013, la pollution de l’air extérieur a été classée « cancérogène certain » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
L’oxyde d’azote nuit gravement à l’environnement
Les oxydes d’azote (couramment désignés par NOx) sont une source croissante de la pollution de l’air et un réel danger pour l’homme et l’environnement. Non contents de pénétrer profondément dans les poumons, provoquant notamment une vulnérabilité accrue des bronches aux microbes, ils contribuent largement à l’effet de serre et sont la source principale des pluies acides.
Si depuis 2000, les émissions d’oxyde d’azote ont globalement diminué par secteur, la part d’émissions de NOx attribuées aux véhicules particuliers au diesel a, elle, augmenté.
C’est le résultat d’une politique automobile qui a favorisé le diesel pendant des années, au moins jusqu’aux annonces de Manuel Valls lors de la conférence environnementale à l’automne dernier, où le Premier ministre a pointé la responsabilité du dieseldans la pollution et la nécessité de changer de politique.
Petites, mais redoutables : les particules fines
Les particules fines provoquent allergies, affections des voies respiratoires et cancers. On les distingue suivant leur taille. Les PM10, qui ont un diamètre situé entre 2,5 et 10 microns – 10 microns = 0.01 mm – comme les plus fines, les PM2,5 - de taille inférieure à 2,5 microns - pénètrent dans l’appareil respiratoire, les plus petites jusqu’aux bronchioles et alvéoles pulmonaires (ces particules sont soumises à réglementation).
L’ANSES souligne leur influence sur la mortalité : « D’après des données récentes françaises (…) portant sur neuf villes, l’espérance de vie à 30 ans pourrait augmenter de 3,6 à 7,5 mois selon la ville, ce qui équivaut à différer près de 3 000 décès par an, si les concentrations moyennes annuelles de particules de type PM2,5 respectaient la valeur guide de l'OMS (10 µg/m3) ».
La circulation alternée, un début de solution
Après sept jours consécutifs de pollution de l’air importante en Ile-de-France, sur la demande insistante de la Mairie de Paris au préfet, lundi 23 mars et pour la troisième fois seulement en 18 ans, la circulation alternée a été instaurée pour la journée à Paris : seules les plaques impaires et les véhicules bénéficiant d’une dérogation étaient autorisés à circuler. En parallèle, la vitesse maximale était réduite de 20 km/h, les poids lourds contraints à contourner la capitale.
Lors de la dernière mise en œuvre de ces mesures, Airparif, l’observatoire de la qualité de l’air, avait observé des résultats concluants : la concentration de PM10 avait diminué de 6% et celle de dioxyde d’azote de 10%.
Changements de fond et solutions pérennes
Mais si la circulation alternée améliore le quotidien, elle ne peut pas, à elle seule, résoudre le problème. De nombreux véhicules au diesel, antérieurs à 2000 (plus de 19 millions en France) et donc polluants, portant des plaques impaires, ont pu circuler en toute impunité ce lundi, alors que des véhicules propres n’étaient pas autorisés à circuler.
Selon Airparif, entre 1 et 4 millions de Franciliens sont exposés potentiellement à des niveaux supérieurs à la réglementation, et pour l’Institut de veille sanitaire (INVS), le risque est sous estimé car il n’est pas immédiatement visible.
Paris n’est pas la première capitale européenne à instaurer la circulation alternée lors des pics de pollution, c’est une mesure qui existe de façon permanente à Athènes, en Grèce, depuis 1982. A Londres, la solution trouvée a été la mise en place d’un péage urbain pour accéder au centre-ville.
Mais les solutions pérennes consisteraient à développer les pistes cyclables, réduire la vitesse, favoriser les transports en commun et l’autopartage, ainsi que les véhicules propres. En ce sens, la loi sur la transition énergétique actuellement en discussion au Parlement prévoit l’installation de 7 millions de points de recharge pour les véhicules électrique d’ici 2030, et à compter du 1er avril, la prime à l’achat d’un véhicule propre accompagné de la mise au rebut d’un vieux diesel sera majorée.
La France, très en retard
En Europe, la plupart des dispositifs adoptés pour lutter contre la pollution sont plus contraignants : des zones à faibles émissions ont été instaurées et le véhicules les plus polluants interdits. Cette réglementation concerne aujourd’hui plus de 200 villes dans 11 pays. Ces mesures n’ont pas été tout de suite populaires auprès de l’ensemble des populations, mais quand l’Etat inscrit dans ses priorités l’amélioration de la qualité de l’air, les résultats sont rapidement palpables, remportant du coup l’adhésion des citoyens.