Le nouvel objectif que s'est fixé l'Union européenne, c'est de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport au niveau de 1990 d'ici 2030. On en est encore au stade incantatoire. Mais avec 11 % seulement des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, l'Europe a au moins le mérite de prendre un engagement contraignant et chiffré. Les promesses des deux premiers pollueurs de la planète, la Chine et les Etats-Unis, annoncées en grande pompe à Pékin il y a une quinzaine de jours, ont agréablement surpris, mais elles sont floues ou bien en-deça des ambitions européennes.
Le nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a nommé un vice-président spécialement chargé de l'union énergétique. Cette union est un élément central pour réussir la transition énergétique, qui dépend trop pour le moment des politiques mises en place au niveau national. Un exemple avec l'Espagne. Elle a de l'électricité solaire à revendre, mais elle ne sait pas quoi en faire faute de réseau européen.
L'énergie espagnole n'arrive pas à franchir les Pyrénées, mais cela pourrait changer d’ici quelques années
C'est l'une des priorités du sommet franco-espagnol qui se déroule aujourd'hui à Paris. François Hollande et Mariano Rajoy officialisent enfin une stratégie commune pour les interconnexions des réseaux du gaz et de l'électricité. « Enfin », car il faut encore tenir compte des résistances françaises. EDF, assis sur la manne du nucléaire bon marché, ne voit pas d'un bon oeil la concurrence du photovoltaïque espagnol.
Mais à moyen terme, l'interconnexion du nord au sud de l’Europe est un préalable impératif à une meilleure allocation de l'électricité, car une fois produite, cette énergie ne peut hélas pas se conserver ! Première étape concrète de cette interconnexion : la mise en service début 2015 d'une nouvelle ligne à très haute tension entre la Catalogne et les Pyrénées-Orientales. Elle permettra de doubler la capacité d'échange entre les deux pays, le volume concerné équivaut à la production d'une centrale nucléaire de type EPR.
Autre exemple de transition énergétique accélérée en Europe : la conversion d'une grande compagnie allemande d'électricité au renouvelable
E.ON, l'un des principaux producteurs allemands d'électricité, va progressivement abandonner les centrales à gaz et à charbon pour se concentrer sur l'énergie renouvelable, les réseaux et les solutions clients. C'est un tournant historique que le groupe a annoncé ce week-end. Il a été salué dans la matinée à la Bourse de Francfort par une hausse du titre.
E.ON, comme la plupart des énergéticiens européens, a d'abord été « victime » de la transition énergétique. Car les subventions aux renouvelables ont fait chuter les cours de l'électricité. La mort annoncée de la filière nucléaire et la volonté récente de restreindre le charbon ont été en quelque sorte le coup de grâce pour cette entreprise. Mais en opérant une rupture complète avec son métier antérieur, en scindant en deux ses activités, E.ON démontre que la lutte contre le réchauffement climatique, au lieu d'être une contrainte, peut devenir le support d'un nouveau modèle de développement pour toute l'industrie.
EN BREF DANS L’ECONOMIE
L'Allemagne est devenue en 2012 la première destination européenne d'immigration
Et le deuxième pays d'accueil au niveau mondial après les Etats-Unis, avec 400 000 entrants pour l’année 2012. Beaucoup de candidats proviennent des pays voisins de l'Union. Autre enseignement de ce classement établi par l'OCDE : les flux migratoires hors Union ont légèrement ralenti en 2012, sans doute à cause de la crise.