Des pesticides menacent les abeilles de disparition

Les abeilles sont-elles en danger ? De fait, en France, on constate une diminution sensible des populations depuis une quinzaine d’années. Deux nouvelles études, menées séparément par des chercheurs français et britanniques, pointent du doigt les pesticides. Selon eux, une molécule chimique présente dans certains engrais, désorienterait les abeilles.

par Sami Boukhelifa,

Une abeille quitte sa ruche et ne retrouve plus le chemin du retour. Perdue, elle ne survivra pas seule dans la nature.  Selon l’étude menée par le docteur Michaël Henri, biologiste à l’Institut national de recherche agronomique d’Avignon (INRA), les pesticides sont à l’origine de la désorientation des abeilles. Durant une année, ce chercheur a observé le comportement de pollinisateurs qu’il a exposé à de faibles doses de pesticides. « On utilise des micro-puces électroniques, qu’on colle sur le dos des abeilles, de façon à savoir quand elles sont dans la colonie et quand elles partent s’alimenter, explique le docteur Michaël Henri. Nous avons remarqué que les abeilles exposées aux pesticides ont une probabilité de disparaître deux à trois fois plus importante que les abeilles non exposées » affirme-t-il.  

En France plus de mille espèces d’abeilles ont été recensées, mais les spécialistes ignorent si certaines sont plus résistantes que d’autres à la néonicotinoïde. Cette molécule chimique, présente dans les pesticides, serait responsable de la désorientation des abeilles.

Par exemple, dans un champ de colza traité, les abeilles peuvent être exposées à des doses allant de 0.5 à 2 nano-grammes de néonicotinoïde. L’équipe du docteur Michaël Henri, a exposé les butineuses à 1.3 nano grammes, en laboratoire, avant de les relâcher dans la nature où ce pesticide est déjà largement répandu. « Nous estimons être dans l’échelle de doses pouvant être présentes dans des champs traités » précise le docteur Axel Decourty, qui a mené cette étude aux côtés de Michaël Henri.

Mais quelle que soit la dose à laquelle sont exposées les abeilles, tous les spécialistes s’accordent sur la nocivité de la néonicotinoïde sur les pollinisateurs. Le docteur Dave Goulson, de l’université de Stirling en Ecosse, a concentré ses recherches sur l’impact que peuvent avoir les pesticides sur les bourdons. « Nous avons remarqué que les bourdons exposés aux pesticides produisent 85% de reines en moins à la fin de l’été, regrette le biologiste britannique. Cela a un effet très négatif sur leurs populations. En Amérique du Nord, certaines espèces ont plus ou moins disparu. Au Royaume-Uni, trois espèces sont désormais éteintes » déplore-t-il.

Les abeilles et les bourdons sont des pollinisateurs importants des plantes à fleurs, qui produisent la plupart des fruits et légumes. Chaque année aux Etats-Unis, des ruches entières sont transportées par camions, pour aider à la pollinisation de plusieurs arbres fruitiers. La disparition de ces insectes risque de bouleverser la chaîne alimentaire.

Partager :