Le basculement a lieu dans les années 2000
Selon le recensement de 1975 effectué par l’Institut de veille sanitaire (InVs), les étrangers en France étaient moins nombreux à mourir après la trentaine que la population hexagonale. Quinze ans plus tard, les femmes et les hommes venus du Maghreb étaient toujours moins malades, en dépit de conditions de vie et de travail défavorables par rapport à celles des nationaux -les hommes, notamment, étaient moins touchés par les maladies cardiovasculaires et les cancers.
C’est à partir de 2000 que la tendance s’est inversée. Statistiquement les migrants ont alors été deux fois plus nombreux que la moyenne nationale à déclarer un état de santé médiocre voire très mauvais.
Actuellement, leur santé continue de se dégrader au fil des années de présence sur le territoire français : « Les immigrés naturalisés sont plus malades que les étrangers qui n’ont pas acquis la nationalité » précise l’un des auteurs de l’étude.
Les raisons de la vulnérabilité des populations migrantes en France…
- La motivation des immigrés il y a 40 ans est différente de celle des dernières années. L’objectif dans les années 1970 était de venir trouver du travail en France. Les candidats semblaient plus robustes que les Français.
- A partir de 1974, l’immigration professionnelle a été progressivement remplacée par le regroupement familial et l’asile politique; et, parallèlement, la croissance économique s’est ralentie.
- Enfin, la population migrante a changé. « Les personnes en provenance d’Afrique sub-saharienne et d’Europe de l’Est notamment étaient plus fragiles avant leur départ » souligne l’un des chercheurs.
- Quant à l’accès aux soins, il reste une véritable difficulté pour ces étrangers vivant en France : un bénéficiaire sur trois de l’Aide médicale d’Etat -réservée aux personnes en situation irrégulière- déclare avoir été confronté à un refus de soins de la part d’un professionnel de santé.
Les migrants sont davantage victimes des maladies infectieuses
Selon l’étude, la tuberculose, l’hépatite B et le VIH sont surreprésentées dans les populations récemment immigrées. La moitié des quelque 6 700 nouveaux cas de séropositivité au virus du sida et la moitié des quelque 5 276 déclarations de cas de tuberculose en 2009 concernaient les étrangers en France. « Parmi les 1 715 patients pris en charge pour une hépatite B chronique en 2008-2009, les trois quarts étaient migrants » observent les auteurs.
Les conditions de vie -telle la précarité sociale- favorisent la transmission de ces virus. L’étude révèle également qu’un migrant sur 5 a été contaminé en France par le VIH.
Aussi, face à ces constats, les actions de prévention, de dépistage et d’accès aux soins doivent être renforcées.
Pour en savoir plus :
Voir le site de l'Institut national de veille sanitaire