Quand les palmiers racontent le passé des forêts tropicales humides

Les forêts tropicales humides recèlent mille et une ressources vivantes. Où, quand et comment est apparu ce trésor de biodiversité ? Pour répondre à ces questions fondamentales, des biologistes de l’Institut de recherche pour le développement ont retracé pour la première fois l’histoire évolutive d’une famille de plantes caractéristique de cet écosystème : les palmiers. Ils sont remontés jusqu’au milieu du Crétacé, la dernière ère des dinosaures.

L'origine des palmiers est plus ancienne qu'il était admis jusqu'à présent : elle remonte à 100 millions d’années et non pas il y a seulement 65 millions d’années comme il était supposé jusque là. Elle se situe en Laurasie -l’ancienne masse continentale de l’hémisphère Nord- et non pas à l’équateur. Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs se sont fondés sur une méthode de datation moléculaire, c’est-à-dire basée sur les séquences d’ADN, calibré à l’aide de fossiles.

Les chercheurs ont évalué les dates d’apparition des différentes espèces depalmiers et ont pu retracé ainsi l'histoire de l'évolution de ces forêts : les grandes lignées de palmiers sont apparues graduellement au cours des temps géologiques et la biodiversité des forêts humides s’est constituée de manière constante (contrairement aux forêts tempérées qui ont en grande partie disparu durant les dernières ères glaciaires).

Une diversification constante depuis 100 millions d'années !...

Les forêts humides n’ont pas toujours poussé le long de l’équateur. En fonction du climat qui régnait il y a 100 millions d’années, de l’histoire tectonique et de la position des anciens continents, l’équipe de recherche a pu déterminer l’aire d’origine des palmiers et donc des forêts tropicales.

Zones refuge au gré des glaciations et des extinctions massives, les grandes forêts tropicales humides sont actuellement grandement menacées par les activités humaines. Pourtant, avec plus de 50 % des espèces de plantes et animaux connus, les forêts tropicales humides constituent l’écosystème terrestre le plus riche de la planète, une richesse due à sa diversification constante et son existence continue depuis sa formation, rappelle l'IRD. Ces forêts, qui représentent un tiers des massifs forestiers mondiaux, arborent de nos jours les continents africain, latino-américain et le bassin Indo-Pacifique.

(*) Crétacé : une période située par les paléontologues entre 145 et 65 millions d’années. les forêts tropicales étaient déjà en formation à cette période, alors qu'elle correspond à la dernière extinction massive des espèces animales qu’ait connue notre planète -notamment avec la disparition des dinosaures. Mais cette période est également celle qui a donné lieu à la diversification des plantes à fleurs, d’où sa grande importance dans l’histoire évolutive des végétaux.

Pour en savoir plus :

Lire aussi

- La forêt tropicale de Yasuni, un écosystème unique au monde, IRD

- Sauvegarder les palmiers sauvages, IRD

- Palmiers néotropicaux, IRD

- Des refuges pour les palmiers de Nouvelle-Calédonie, IRD

- De nouveaux espoirs pour les palmiers dattiers d'Afrique du Nord menacés par le bayoud, IRD

- Biologie du développement des Palmiers, IRD/CIRAD

Partager :