Les champs électromagnétiques de radiofréquence seraient cancérogènes

Des experts internationaux, réunis à l'initiative de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et sous l'égide du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ont statué que l'usage des téléphones portables pouvait être cancérogène. « Il est important que des recherches complémentaires soient menées sur l'utilisation intensive, sur le long terme, des téléphones portables », a souligné Christopher Wild, directeur du CIRC. En attendant, cet expert plaide en faveur de l'utilisation des kits mains libres et de la pratique des SMS.

Les experts ont analysé toutes les études épidémiologiques conduites sur le sujet et ont établi un classement montrant « un risque accru de gliome, un type de cancer du cerveau associé avec l'usage du téléphone portable », a précisé Jonathan Samet, président du groupe de travail d'une trentaine d'experts, ainsi que des neurinomes de l'acoustique. Mais, ces experts ont estimé qu'il n'était pas pour autant possible de tirer des conclusions concernant d'autres cancers que ceux-ci.

« Ce qui probablement entraîne le plus haut niveau d'exposition, c'est utiliser le portable pour des appels », a souligné Kurt Straif, du Centre national de recherche sur le cancer (CIRC). « Si vous l'utilisez pour des SMS, ou avec un kit mains libres pour les appels, vous abaissez l'exposition de 10 fois », a-t-il ajouté.

Temps d'utilisation plus long, mais une technologie qui a fait des progrès ...

Toutefois, le groupe de travail n'a pas quantifié le risque. Selon le Professeur Gérard Lasfargues, médecin du travail et directeur scientifique adjoint de l'Anses, qui avait étudié un usage du portable jusqu'en 2004, on relevait une augmentation de 40% du risque de gliomes chez les plus gros utilisateurs -à l'époque on entendait par "gros utiliateur" une personne utilisant l'appareil pendant en moyenne 30 minutes par jour pendant 10 ans.

Mais, en dix ans, « la technologie a beaucoup évolué et les téléphones modernes ont une émission beaucoup plus basse que les anciens », a-t-il souligné. La complexité du problèmeest grande : « Il y a une amélioration de la technologie mais il y a aussi une augmentation de l'usage, il est difficile de faire la balance entre les deux » ...

Le débat

Ce changement d’évaluation, considéré comme très prudent par certains observateurs, pèse lourd dans un débat qui depuis de nombreuses années divise ceux qui considèrent  que l’usage de ces appareils peut nuire à la santé et ceux qui, comme la plupart des opérateurs, considèrent qu’il n’y a pas de danger car rien n’a jamais été démontré. En effet de nombreuses études à travers le monde ont mis en évidence des phénomènes qui pourraient être significatifs en termes d’impact mais souvent par manque de recul face à cet usage récent. Cette discution n’a jamais été véritablement tranchée.

En 2009 on estimait qu’il y avait plus de 4,6 milliards d’abonnés au téléphone portable dans le monde. On sait que ce chiffre est depuis en constante progression et que la téléphonie mobile est devenue dans de nombreux pays le moyen de communication le plus fiable et parfois l’unique moyen d’échange téléphonique. Cet usage de plus en plus étendu à travers le monde est à l’origine de nombreuses études sur la santé des populations. Mais jusqu'à présent, pour la plupart des institutions internationale, les dangers liés à l’usage des appareils concernait essentiellement le risque d’accident en conduisant ou celui de créer des perturbations sur d’autre appareils comme dans les hôpitaux ou dans les avions.

Certains pays, au nom du principe de précaution, se sont dotés de quelques règles de protection vis-à-vis des enfants et de nombreuses associations se sont mobilisées un peu partout pour permettre aux citoyens qui le désirent de pouvoir se soustraire, au moins aux émissions des antennes que les opérateurs installent notamment dans les villes pour améliorer leur réseau.

 

Les conseils aux usagers

 

La communication par téléphone mobile se fait par transmission d’ondes radio grâce à un réseau d’antennes fixes. Les ondes de radiofréquence sont des champs électromagnétiques qui contrairement aux radiations ionisantes telles que les rayons X ou les rayons gamma ne peuvent pas rompre les liaisons chimiques des molécules ni causer d’ionisation dans le corps humain, mais ce changement de classification concernant l’usage des téléphones portables par l’OMS montre que certaines pratiques peuvent être cancérogènes et l’organisation préconise l’usage de kits main libre et recommande l’usage des SMS pour diminuer la proximité de ces appareils avec notre corps quand ils sont en fonctionnement.

Des conseils d’usage qui ont déjà été de nombreuses fois recommandés par des spécialistes comme en 2009 dans le cadre d’un appel aux usagers réalisés par une vingtaines d’éminentes personnalités qui avaient déjà donné les 10 conseils suivants :

1) N’autorisez pas les enfants de moins de 12 ans à utiliser un téléphone portable sauf en cas d’urgence. En effet, les organes en développement (du fœtus ou de l’enfant) sont les plus sensibles à l’influence possible de l’exposition aux champs électromagnétiques.

2) Lors de vos communications, essayez autant que possible de maintenir le téléphone à plus d’1 m du corps (l’amplitude du champ baisse de quatre fois à 10 cm, et elle est cinquante fois inférieure à 1 m de distance).

3) Restez à plus d’un mètre de distance d’une personne en communication, et évitez d’utiliser votre téléphone portable dans des lieux publics comme le métro, le train ou le bus où vous exposez passivement vos voisins proches au champ électromagnétique de votre appareil.

4) Evitez au maximum de porter un téléphone mobile sur vous, même en veille. Ne pas le laisser à proximité de votre corps la nuit (sous l’oreiller ou sur la table de nuit) et particulièrement dans le cas des femmes enceintes – ou alors le mettre en mode hors ligne qui a l’effet de couper les émissions électromagnétiques.

5) Si vous devez le porter sur vous, assurez-vous que la face « clavier » soit dirigée vers votre corps et la face « antenne » (puissance maximale du champ) vers l’extérieur.

6) N’utilisez votre téléphone portable que pour établir le contact ou pour des conversations de quelques minutes seulement (les effets biologiques sont directement liés à la durée d’exposition). Il est préférable de rappeler ensuite d’un téléphone fixe filaire (et non d’un téléphone sans fil) qui utilise une technologie à micro-ondes apparentée à celle des portables).

7) Quand vous utilisez votre téléphone portable, changez de coté régulièrement, et avant de mettre le téléphone portable contre l’oreille, attendez que votre correspondant ait décroché (baisse de la puissance du champ électromagnétique émis).

8) Il faut évitez d’utiliser le portable lorsque la force du signal est faible ou lors de déplacements rapides comme en voiture ou en train (augmentation maximale et automatique de la puissance lors des tentatives de raccordement à une nouvelle antenne relais ou à une antenne distante).

9) Communiquez par SMS plutôt que par téléphone (limite la durée d’exposition et la proximité du corps).

10) Choisissez un appareil avec le DAS le plus bas possible par rapport à vos besoins (Débit d’Absorption Spécifique, il mesure la puissance absorbée par le corps).

 

Les 20 signataires de l’appel:

- Dr Bernard Asselain, Chef du service de Biostatistiques du Cancer, Institut Curie
- Pr Franco Berrino, Directeur du Département de Médecine Préventive et Prédictive de l’Institut National du Cancer, Milan, Italie
- Dr Thierry Bouillet, Cancérologue, Directeur de l’Institut de Radiothérapie, Centre Hospitalier Universitaire Avicenne, Bobigny
- Pr Christian Chenal, Professeur Émérite de Cancérologie, Université de Rennes 1 et ancien responsable de l’équipe de recherche CNRS « Radiations, Environnement, Adaptation »
- Pr Jan Willem Coebergh, Cancérologue, Département de Santé Publique, Université de Rotterdam, Pays Bas
- Dr Yvan Coscas, Cancérologue, Chef du service de radiothérapie, Hôpital de Poissy à Saint Germain
- Pr Jean-Marc Cosset, Chef de département honoraire d’Oncologie/Radiothérapie de l’Institut Curie, Paris
- Pr Devra Lee Davis, Chef du Département de Cancérologie Environnementale, Université de Pittburgh, Etats-Unis
- Dr Michel Hery, Cancérologue, Chef du Département de radiothérapie, Monaco
- Pr Lucien Israël, Professeur Émérite de Cancérologie, Université Paris XIII, Membre de l’Institut
- Dr Jean-Loup Mouysset, Cancérologue, Polyclinique Rambot-Provençale, Aix-en-Provence, Président de l’association Ressource
- Pr Henri Pujol, Cancérologue
- Joël de Rosnay, Docteur ès Sciences, Ecrivain scientifique
- Dr Simone Saez, Docteur ès Sciences, ancien chef de Service du Centre de Lutte contre le Cancer Léon Bérard, Lyon
- Dr Annie Sasco, Docteur ès Sciences, Directrice de l’Equipe d’Epidémiologie pour la Prévention du Cancer – INSERM, Université Victor Segalen Bordeaux 2
- Dr David Servan-Schreiber, Docteur ès Sciences, Professeur clinique de Psychiatrie, Université de Pittsburgh, Auteur de « ANTICANCER », Editions Robert Laffont, 2007
- Dr Pierre Souvet, Cardiologue, Aix-en-Provence, Président de l’Association Santé Environnement Provence
- Jacques Marilleau, Ingénieur SUPELEC, ancien physicien au Commissariat à l’Energie Atomique et au CNRS Orsay
- Dr Jacques Vilcoq, Cancérologue, Clinique Hartmann, Neuilly-sur-seine
- Dr Philippe Presles, Président Institut Moncey de Prévention Santé, Paris, Auteur de « PREVENIR », Robert Laffont, 2006

 

 

 

 

Pour en savoir plus :

Consulter le site du gouvernement / Radiofréquences et expertises sanitaires

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