Mobilisation pour lutter contre une épidémie préoccupante de rougeole

Pour la 3ème année consécutive, des cas de rougeole ont été enregistrés en France : le nombre de cas avait beaucoup augmenté en 2010 par rapport à 2008 et, depuis le début 2011 on relève plus de cas estimés que pour toute l'année 2010. Les autorités sanitaires évoquent une « épidémie préoccupante », en rappelant qu’il existe pourtant un vaccin permettant de prévenir cette maladie virale qui est loin d’être anodine.

Selon Françoise Weber, directrice de l'Institut de veille sanitaire (Invs), « l'épidémie a explosé depuis octobre dernier » : 5.021 cas de rougeole ont été déclarés en 2010 -contre 600 en 2008 et le double en 2009. L’année 2011 est entamée, l’année a démarré avec 3749 cas pour les deux seuls mois de janvier et février …

Les chiffres officiels sont déjà alarmants. Pourtant, selon Françoise Weber ils seraient sous-estimés et les déclarations -obligatoires depuis 2005- ne constitueraient que « la partie émergée de l'iceberg ». Pour être au plus près de la réalité, il faudrait, selon elle, multiplier par 2 le nombre de cas déclarés pour 2010 et sans doute au moins par 3 pour le début 2011. Le vrai nombre de cas pour janvier-février serait alors de « 10 à 12.000 cas ». Plus que les chiffres eux-mêmes, ce qui est inquiétant, « c'est la tendance » à une « augmentation exponentielle de cas », souligne-t-elle.

Une épidémie à redouter

Didier Houssin, directeur général de la Santé, n’est pas plus optimiste : « le phénomène est en grande extension, et l'on peut craindre qu'il ne s'accentue dans les semaines qui viennent ». En 2010 les pics sont intervenus en avril et en décembre.

Contrairement à la rougeole de jadis, qui concernait les enfants de 10-12 ans, la maladie touche aujourd'hui aussi les moins de 1 an (8,3% des cas en 2010, trois fois plus qu'en 2009) et les plus de 20 ans (34%, cinq fois plus qu'en 2009), notamment les jeunes adultes.

Cause incriminée ? Une vaccination insuffisante !

L'épidémie est nationale mais concerne surtout la moitié sud de la France, où on se vaccine moins que dans le nord. Et les chiffres sont là pour le prouver :

  • En 2010, la région Midi-Pyrénées avait connu l'incidence la plus forte, plus de la moitié des cas déclarés début 2011 concernait la région Rhône-Alpes. 82% des personnes ayant eu la rougeole en 2010 n'étaient pas vaccinées, et 13% n'avaient reçu qu'une dose de vaccin.
  • La France est un des pays d'Europe - avec la Bulgarie - où l'incidence est la plus élevée. « Des cas sont exportés à partir de la France, et certains pays, notamment en Amérique où elle a été éradiquée, sont très inquiets », relève le Pr Houssin.

Que préconisent les autorités sanitaires ?

« Il faut ralentir, sinon stopper, la progression de l'épidémie », a dit la secrétaire d'Etat à la santé Nora Berra devant la presse. La solution, c'est la vaccination à deux doses, non seulement pour les petits à partir de 1 an (neuf mois s'ils sont gardés en collectivité), mais pour tous ceux qui ne sont pas déjà vaccinés ou n'ont pas eu la rougeole, jusqu'à l'âge de 31 ans, comme l'a recommandé mardi le Haut conseil de la santé publique. Pour eux, il faut effectuer « un rattrapage », martèle le Pr Houssin. « Dans le doute, il vaut mieux se faire vacciner ». Outre les moins de 31 ans, doivent se faire vacciner les personnels de santé plus âgés, qui pourraient côtoyer des personnes à risque grave, et les personnels de la petite enfance.

Le vaccin est remboursé à 100% jusqu'à l'âge de 18 ans, et à 65% après cet âge.

Pour en savoir plus :

- Institut national de veille sanitaire

- Organisation mondiale de la santé

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