Pas d’affolement ! Le soleil va continuer à se lever comme tous les jours mais il est vrai que son activité est actuellement plus faible qu'elle ne devrait l'être statistiquement : les observateurs ont constaté ces derniers temps que les vents solaires s’essoufflent et que l’activité magnétique reste au minimum alors qu’elle aurait dû repartir vers un pic en 2008.
L’absence de taches solaires constitue le premier signe de cette baisse d’activité. Tous les onze ans en effet, depuis que l’on dispose d’observations, on constate que des taches sombres apparaissent aux extrémités de l’étoile. Au fur et à mesure du cycle, elles se font de plus en plus nombreuses jusqu’à atteindre un nombre maximum quatre ou cinq années plus tard. Ensuite les taches disparaissent petit à petit, le minimum est atteint, le soleil reste calme pendant une petite année jusqu’à ce que le cycle reprenne.
Un cycle mystérieux
Or, en 2008, au début de ce qui aurait dû être le nouveau cycle, une tache est apparue, le signe que tous les astronomes attendaient comme « entrée dans le nouveau cycle », mais cette tache s’est vite résorbée et, depuis, plus aucune tache n’est apparue.
« Il faut quand même rappeler que les cycles ne sont pas totalement réguliers », précise Frédéric Baudin enseignant chercheur à l’Institut d’astrophysique spatiale (Université d’Orsay et CNRS) : « Au cour de l’histoire, les durées ont varié de 8 à 13 ans… Il faut reconnaître que la raison de ces variations reste un mystère sur lequel les astrophysiciens sèchent depuis une cinquantaine d’année ! »
Quel impact pour notre planète ?
L’activité du soleil a-t-elle un impact sur notre climat et si oui laquelle ? La question est polémique car souvent utilisée à tort ou à raison, et à tort et à travers, dans le débat sur le réchauffement climatique.
De fait, différents « minimum » ont été enregistrés dans l’histoire climatique -minimum de Maunder au 17 ème siècle, minimum de Dalton au 18 ème siècle : « C’est vrai, ces cycles de faible intensité du soleil correspondent à des périodes de froids, des petits âges glaciaires, explique Frédéric Baudin, mais comparaison n’est pas raison, deux phénomènes physiques peuvent très bien co-exister sans être reliés. De plus cette période de froid concernait l’Europe ou des régions bien localisées ».
la priorité reste de parvenir à une meilleure compréhension de notre étoile ...
De nombreux chercheurs se montrent prudents sur cette question qui fait l’objet de plusieurs études actuellement. L’une d’entre elle émanant de l’université de Reading (Royaume Uni) vient de compiler les données météo et nombre de taches solaires sur quatre siècles. Elle conclut que les hivers sont plus rigoureux dans nos régions lors des périodes de faible activité du Soleil… sans qu’il y ait de quoi toutefois ralentir sérieusement le réchauffement global…
Quoiqu’il en soit la priorité reste de parvenir à une meilleure compréhension de notre étoile et de ses cycles. Pour cela, les astronomes vont suivre avec attention les sondes Solar orbitar et Solar probe Plus qui vont s’approcher au plus près de l’étoile. Ils bénéficient aussi d’une pluie de données avec le satellite Solar Dynamics Observatory, en fonction depuis bientôt un an.
Pour en savoir plus:
La revue Science et vie de ce mois de décembre consacre un gros dossier aux signes de fatigue que donne le Soleil et souligne que le comportement de l'astre « rappelle une période sombre de notre histoire climatique, celle des années 1645-1715, où des glaciers envahiss(ai)ent les vallées d'Europe ».
Lire :
- le Soleil, une étoile ordinaire, CNRS
- le Soleil, synchroton, CNRS
- Relations Soleil- Climat, CNRS