Interdits en Espagne et en Italie en 2005, et plus récemment au Portugal et Chypre, les médicaments contenant du benfluorex, le Mediator et ses génériques, ont été retirés du marché français il y a un an seulement. Depuis sa première autorisation de mise sur le marché en 1976, près de 5 millions de personnes ont été traitées avec cette molécule destinée initialement aux diabétiques mais très souvent prescrite par des médecins comme un coup-faim.
La dernière estimation montrant un relèvement du nombre de morts liés à la prise du Mediator a d’ailleurs été évaluée du fait que les premiers résultats ont été calculés sur une période de 4 années après hospitalisation du patient, alors que l’étude la plus récente tient compte d’une mortalité à plus long terme.
Beaucoup se sont interrogés et s’interrogent encore aujourd’hui sur le fait que l’interdiction de vente ne soit pas intervenue plus tôt.
Les premiers doutes sur ce produit ont été exprimés dès 1998 par des médecins de la sécurité sociale. En 2006, la revue Prescrire rappelait que ce médicament pourrait endommager voire détruire les valves cardiaques. Suit une autre étude britannique rendue publique en 2007. C’est sur la base de ces articles et surtout des problèmes d’hypertension artérielle pulmonaire dont est atteinte une de ses patientes, qu’une pneumologue décide de rédiger un livre intitulé Mediator : combien de morts ?, en 2008. Cette dernière, Irène Frachon, celle qui a révélé ce qui pourrait devenir un scandale sanitaire, contacte alors l’Agence française de sécurité sanitaire. Aujourd’hui, le ministre de la Santé veut faire toute la lumière sur cette affaire afin de comprendre pourquoi, malgré toutes les mises en garde, ce médicament est resté sur le marché français pendant 33 ans…