Dans la version privilégiée par le maître d'ouvrage, la Compagnie du Vent, une filiale de GDF-Suez, un parc composé de 141 éoliennes devrait voir le jour à quelque 14 kilomètres de la côte entre Criel-sur-mer (Seine-Maritime) et Cayeux-sur-mer (Somme). D'un coût de 1,8 milliard d'euros, il s'étendrait sur 75 km². Mais il semble difficile de trouver un partisan du projet d’installation de ce parc éolien : tous les habitants craignent pour l'avenir de la pêche et du tourisme, qui font vivre une bonne partie de la population.
Les pêcheurs estiment que le gel de cette surface entraînera une perte de 70% de l'activité pour une soixantaine de bateaux. « La Compagnie du Vent arrive en dictateur sur une zone de pêche de prédilection des pêcheurs du Tréport et de la Baie de Somme », assure Olivier Becquet, directeur de la Coopérative des artisans pêcheurs associés.
141 éoliennes fourniraient en électricité une population de 900.000 habitants
Les professionnels du tourisme et les riverains du front de mer craignent que les éoliennes forment « un rideau » barrant l'horizon. « A hauteur du Tréport et de Mers-lès-Bains, elles couvriraient 50% du champ visuel », assure Gérard Bilon président de l'association Sans Offshore à l'horizon qui fédère les opposants au projet actuel.
Au delà de l'impact sur la pêche et le paysage, les opposants disent douter de l'intérêt économique du parc. « La Compagnie du Vent nous assure que ses 141 éoliennes fourniront en électricité une population de 900.000 habitants mais c'est douze fois moins que les trois centrales EDF de Seine-Maritime réunies (Paluel, Penly et Le Havre) », assure Gérard Bilon.
L'impact sur la pêche se limiterait à une perte de 5% d'activité
Au Tréport, les élus de tous bords se sont prononcés contre le projet. Mais l'opposition fléchit très rapidement dès que l'on quitte la zone d'impact immédiat. A l'échelon régional, les milieux économiques et tous les grands partis à commencer par le PS et l'UMP défendent le projet au nom « des retombées économiques ».
De son côté, le maître d'ouvrage tente de rassurer : selon lui, l'impact sur la pêche se limite à une perte de 5% d'activité pour la flottille concernée et visuellement, une éolienne située à 14 km de la côte est simplement « comparable à une allumette d'un centimètre, à un mètre de l'œil ». Pour prouver sa bonne volonté, il se dit prêt à construire des récifs artificiels pour « favoriser le renouvellement de la ressource en poissons » !
Avec ce projet, la Compagnie du Vent devrait être une des premières entreprises à répondre à l'appel d'offres que lancera en septembre le gouvernement français pour développer l'éolien marin. Pour Jean-Michel Germa, président de l'entreprise, « c'est une énergie inépuisable, propre, disponible et créatrice d'emplois non délocalisables ».