Le programme est ambitieux. Il place sur le devant de la scène les arguments des "pros" éoliennes, qui sont aussi passionnés que leurs détracteurs. Les premiers avancent les avantages de produire de l'énergie renouvelable en mer. François Lempérière par exemple, polytechnicien et spécialiste des hydro énergies en souligne deux : « la production annuelle par kilowatt installé est plus importante puisque la puissance du vent est plus forte en mer. Un KW installé fournira 3000 KW par an au lieu de 2000 KW à terre. Ensuite, ces parcs marins qui seront à 10 ou 15 kilomètres en mer risquent d'être beaucoup plus acceptables qu'un grand développement éolien terrestre ».
Malgré la grande façade maritime française, qui pourrait accueillir plusieurs installations éoliennes, il n'y en a aucune à l'heure actuelle alors qu'elle est déjà développée au Royaume-Uni, en Irlande ou aux Pays-Bas. Une absence qui tient surtout à la culture de l'énergie nucléaire française. Jean-Philippe Roudil, délégué du syndicat des énergies renouvelables, partisan du projet ,estime : « que ce soit l'éolien marin ou l'éolien terrestre la France n'y a pas cru. On estimait que l'industrie éolienne était une industrie gadget que nos voisins allemands développaient mais que nous avions bien raison de faire autre chose. Nous nous sommes trompés. L'énergie éolienne montre maintenant qu'elle est presque compétitive et qu'elle a un chiffre d'affaires élevé. C'est ce qui motive le gouvernement à vouloir rattraper son retard et annoncer cet appel d'offre ».
L'énergie éolienne suppose aussi un impact paysager important
L'investissement, 10 milliards d'euros sur 10 ans pour construire un parc de 600 éoliennes est ambitieux. Il vise à produire 15% de l'électricité grâce à l'énergie éolienne en 2020, 5% venant de l'éolien marin et 10 % du terrestre. Comme toutes les énergies renouvelables, cette électricité sera plus onéreuse, même si l'appel d'offre précise que les candidats seront sélectionnés sur le prix de revente du courant à EDF, une fois la viabilité de leur proposition vérifiée. Un surcoût que François Lempérière chiffre à 50 € annuel par Français à terme de l'installation, en 2020. Autre critique souvent portée aux éoliennes, leur productivité, amoindrie par l'intermittence du vent. Elle est avérée, en 2009 le parc d'éoliennes en France n'a fourni que 22% de sa puissance théorique, contre 80 % pour une centrale nucléaire.
Plus chère, moins productive, l'énergie éolienne suppose aussi un impact paysager important. Les pêcheurs, premiers concernés par ce gigantesque chantier ne sont pas contre le projet. Qui prévoit leur dédommagement via une indemnisation annuelle de 1,1 million d'euros imposée au constructeur. Patrick Leclerc, président du comité de pêche de Saint-Malo, où 75 km2 devraient être occupés par des pâles en 2020 précise « nous nous interdisons d'aller dans un parc éolien avec des chaluts ou des dragues à coquilles. Les indemnisations seront réparties selon le nombre de navires imactés dans la zone et leur chiffre d'affaires ».
L'éolien offshore est surtout un nouveau secteur industriel qui s'ouvre en France. L'Etat entend ainsi créeer un tissu de PME sur les zones côtières et portuaires dédiées à la construction et à l'entretien des pâles. L'appel d'offre, fixé à 10 milliards d'euros actuellement pourrait évoluer vers 15 à 20 milliards d'ici 2020.