Attaques en Israël: premiers barrages mis en place à Jérusalem-Est

Le gouvernement israélien a annoncé une série de mesures sécuritaires après les attaques qui ont fait trois morts à Jérusalem, mardi 13 octobre. La police est désormais autorisée à boucler des quartiers palestiniens de Jérusalem-Est. Dès ce mercredi matin, les premiers postes de contrôle ont commencé à être mis en place.

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Le cabinet de sécurité israélien s'est réuni ce mardi soir pour prendre de nouvelles mesures sécuritaires. La police est désormais autorisée à boucler les quartiers arabes de Jérusalem-Est en cas de friction ou d’incitation à la violence. Cela peut se traduire par des barrages filtrants ou même un couvre-feu. Les autorités ont d'ailleurs commencé à installer des checkpoints autour des quartiers palestiniens, signale l'Agence France-Presse ce mercredi matin.

Les auteurs d’attentat verront également leur maison démolie sans avoir le droit de reconstruire. Leur permis de résidence en Israël sera révoqué. Enfin, l’armée va envoyer des soldats pour soutenir la police dans les villes, des agents de sécurité privés vont aussi être déployés dans les transports en commun à Jérusalem après l’attaque dans un bus ce mardi.

Mais ces mesures sont pour autant loin de faire l'unanimité. Un récent sondage montre d’ailleurs que les Israéliens ne font plus confiance, comme dans le passé, à Benyamin Netanyahu, notamment dans son image de « Monsieur sécurité ». Il suffit de voir les éditoriaux et les commentaires ce matin, dans lesquels Netanyahu est accusé de diviser Jérusalem. Pour le journal Haaretz, « la peur pousse le gouvernement à adopter les pires décisions ».

De leur côté, les Palestiniens ont annoncé qu'ils allaient saisir l'ONU et la Cour pénale internationale après la mort d'environ 30 Palestiniens dans les violences qui secouent le Proche-Orient depuis début octobre.

Premier checkpoint

A 13h ce mercredi, un seul poste de contrôle était actif à l'entrée du quartier palestinien de Jabel el Moukaber, à Jérusalem-Est, a pu constater notre correspondante sur place Muriel Paradon. C'est le quartier d'où sont originaires les trois auteurs présumés des attaques de mardi.

Des policiers ont dressé un barrage filtrant pour contrôler les voitures, mais en réalité, les habitants du quartier peuvent emprunter une autre route. Le quartier n'est donc pas totalement bouclé, comme cela avait été le cas l'an dernier, avec des blocs de béton. C'est d'ailleurs ce que redoutent les Palestiniens car si cela se renouvèle, leurs déplacements risquent d'être entravés et plus il y aura de pression, plus la situation sera explosive, a prédit une habitante interrogée par RFI.

Les autres quartiers de Jérusalem-Est ne sont pas encore fermés. Ailleurs en ville, on assiste tout de même à un renforcement des contrôles. Des policiers ont pris position à l'entrée de certains lieux publics où ils n'étaient pas présents jusqu'à maintenant. Les forces de l'ordre patrouillent toujours activement en ville.

Jérusalem a malgré tout retrouvé un peu d'animation ce mercredi matin, même si l'activité n'est tout de même pas complètement revenue à la normale. La situation est calme pour le moment, mais les habitants restent sur leurs gardes.

La peur gagne du terrain à Jérusalem

Même si la vie semble avoir repris son cours ce mercredi matin à Jérusalem, mardi soir, le silence était pesant. Les rues d’habitude animées étaient désertes, les Israéliens cloitrés chez eux, les terrasses des cafés vides. Les seuls bruits que l’on entendait étaient les sirènes de police et d’ambulance. Mais dans les quartiers palestiniens, c’est aussi la psychose, la peur d’actes de vengeance et des policiers qui sont à cran.

Inquiétude aussi pour les enfants dans les établissements scolaires et déjà les parents s’organisent pour monter des tours de garde, ajoute notre deuxième correspondant à Jérusalem Michel Paul. Un exemple : l’auteur de l’attaque à la voiture bélier de mardi travaillait à la compagnie des téléphones. Des particuliers auraient refusé de recevoir chez eux les techniciens arabes de cette compagnie venus réparés leurs lignes téléphoniques.

Plusieurs localités de la périphérie de Jérusalem, notamment des colonies de peuplement, ont également annoncé qu’elles limitaient ou interdisaient l’entrée d’Arabes, même ceux qui possèdent une carte d’identité israélienne, ce qui en principe est illégal. Israéliens et Palestiniens se tiennent donc à distance, ce qui donne le sentiment que la ville est véritablement coupée en deux.

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