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A Jérusalem, un premier attentat a eu lieu dans un bus de la ligne 78 dans le quartier de Armon Hanatziv à Jérusalem-Est. Deux individus, l'un armé d'un pistolet et l'autre de deux couteaux, ont attaqué les 15 passagers présents. Un homme de 60 ans est mort sur place, un autre passager a été évacué dans un état désespéré avant de succomber à ses blessures. Trois autres passagers ont été blessés, selon les secours. Un des deux auteurs a été tué, le second blessé par balles par la police. Un photographe de l'Agence France-Presse assure avoir vu trois cadavres sur place, à l'intérieur et près du bus percé de balles, fenêtres pulvérisées, dans une grande confusion d'ambulances.
Les habitants du quartier où s’est produit l’attaque étaient nombreux dehors, exprimant leur colère, rapporte notre correspondante à Jérusalem Muriel Paradon. Certains s’en sont pris au maire de Jérusalem venu sur les lieux, l’accusant de ne pas assez en faire pour leur sécurité. « Nous allons nous défendre nous-mêmes », a crié l’un d’entre eux. La peur est palpable dans toute la ville. De nombreuses artères commerçantes d’habitude animées étaient désertes ce mardi matin.
Sarah, habite non loin du lieu de l’attaque. Elle ne sort plus de chez elle depuis qu'elle a entendu les coups de feu ce mardi matin. « J'étais chez moi en train d'envoyer des mails les fenêtres ouvertes et j'ai entendu l'horreur. Des tirs et après toutes les ambulances, confie-t-elle à RFI. Je me suis dit qu'il s'était vraiment passé quelque chose. J'ai essayé de joindre mon mari qui n'était pas joignable comme il était au travail et du coup, j'ai pris ma voiture et je suis descendue pour chercher les enfants. »
Peu de temps après, un homme a foncé avec sa voiture sur des piétons à un arrêt de bus de Jérusalem-Ouest, dans un quartier juif ultra-orthodoxe. Une personne a été tuée et une autre légèrement blessée. Il est ensuite sorti de son véhicule, encastré dans l'abribus, avant d'essayer de poignarder des passants. Il a finalement été blessé par balles, précise la police.
Plus tôt dans la matinée, un autre Palestinien a blessé un Israélien à un arrêt de bus situé sur la principale artère de Raanana, dans la banlieue de Tel Aviv, avant d'être passé à tabac par des passants qui l'ont retenu jusqu'à l'arrivée des forces de l'ordre. Selon des ambulanciers des services d'urgence Magen David Adom, l'auteur de l'attaque a été très sérieusement blessé, rapporte l'agence Reuters. Dans cette même banlieue, quatre autres personnes ont été blessées à l'arme blanche par un Palestinien.
« Journée de rage »
Ces attentats risquent en tout cas de ranimer à nouveau le souvenir des intifadas de 1987 et de 2000, lorsque les transports publics étaient une cible privilégiée des attentats. Plusieurs groupes palestiniens ont décrété une « journée de rage » ce mardi en Cisjordanie occupée, dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. Des jeunes devraient défier les soldats israéliens, laissant craindre de nouveaux affrontements. Les responsables de la communauté arabe israélienne ont quant à eux appelé à la fermeture des magasins en soutien aux Palestiniens.
Les affrontements se sont par ailleurs étendus à la bande de Gaza. Au moins 15 Palestiniens ont été blessés par des tirs de l'armée israélienne lors de heurts au point de passage d'Erez, sorte de forteresse israélienne dans la barrière de sécurité qui enferme la bande de Gaza, ont indiqué les secours.
La journée de mardi est la plus sanglante à Jérusalem depuis le début de l'escalade des violences le 1er octobre. C'est aussi la première fois que des individus tirent à l'arme à feu dans un bus. Depuis le 3 octobre, 22 attaques à l'arme blanche ont été commises. 20 d'entre elles ont visé des Israéliens ou des juifs. Une autre a été commise par un juif contre des Palestiniens.
Quartiers palestiniens bouclés ?
Au total, sept Israéliens et plus de 25 Palestiniens dont les assaillants présumés et huit enfants ont perdu la vie depuis le début des violences provoquées en partie par les interrogations sur l'avenir du statut de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem. Les tensions entre Palestiniens et Israéliens se sont brutalement amplifiées après l'assassinat de deux colons en Cisjordanie occupée le 1er octobre.
Le cabinet de sécurité, qui regroupe les principaux responsables gouvernementaux de la sécurité autour du Premier ministre Benyamin Netanyahu, a décidé de se réunir en urgence ce mardi après-midi. Le gouvernement pourrait prendre la mesure radicale de boucler les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, précise notre correspondante sur place. Un ministre a évoqué la possibilité d’un couvre feu pour les quartiers arabes. Le maire de Jérusalem a également déclaré qu’il allait prendre des mesures drastiques et qu’il n’était pas contre un bouclage de la ville. Il pourrait aussi décider d'assouplir les règles de port d'arme pour se défendre.
Les Palestiniens vont eux saisir la justice internationale contre le chef du gouvernement israélien et son ministre de la Défense Moshé Yaalon sur les conditions dans lesquelles les forces israéliennes ont neutralisé les auteurs d'attentats, a déclaré Saëb Erakat, numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), évoquant des exécutions extrajudiciaires.
(Avec agences)