Les habitants du camp de Jalazone sont réunis devant la maison d'Ahmad Sharaka, commente notre correspondant à Ramallah, Nicolas Ropert. Un peu avant midi, un cortège arrive en trombe de Ramallah avec le corps de l'enfant de 13 ans, tué ce dimanche par l'armée israélienne. Ses proches ont les yeux rougis après avoir pleuré la perte du garçon. Pour beaucoup d'entre eux, la mort d'Ahmad est la conséquence de l'occupation israélienne.
« On ne peut pas empêcher nos enfants d'aller aux manifestations, regrette un habitant. On ne peut pas les contrôler. Ils passent leur journée à regarder des images terribles notamment à la télé. Ils utilisent aussi beaucoup Internet. Les plus jeunes ont déjà vu beaucoup de morts dans leur vie. Ils veulent faire quelque chose parce qu'ils n'acceptent pas la situation actuelle. »
La foule se réunit ensuite devant la mosquée. Des drapeaux du Fatah, le parti de Mahmoud Abbas, sont partout. Maisson al-Qadoumi représente le parti aux funérailles ce lundi. Il confirme que les réfugiés sont en première ligne dans les heurts qui secouent la Cisjordanie.
« Beaucoup des tués viennent des camps, explique-t-il. Ces endroits souffrent plus que n'importe quelle ville. Mais aujourd'hui, on voit que toutes les villes, les villages, les camps en Cisjordanie et à Jérusalem se battent pour leur liberté. Pas parce qu'on aime se battre mais pour se défendre et conquérir nos droits. » Après la prière, le corps d'Ahmad Sharaka est porté par ses proches et emmené au cimetière pour être enterré. Le camp de Jazalone lui rend un dernier hommage.
Multiplication des attaques à l'arme blanche
La vague de violences qui secoue la Cisjordanie a fait au moins 24 morts dans les rangs palestiniens en l’espace de douze jours. Ce lundi, une nouvelle série d’incidents violents s'est déroulée près d’une colonie israélienne en Cisjordanie occupée, où l’armée dit avoir déjoué un attentat.
Un Palestinien a été tué ce lundi matin à Jérusalem après avoir tenté de poignarder un policier israélien. Quelques heures plus tard, c'est une femme qui a été « neutralisée » par les forces de l'ordre, a indiqué la police israélienne. Par ailleurs, deux individus ont blessé deux juifs à l'arme blanche dans une colonie israélienne de Jérusalem-Est. L'un des agresseurs a été tué. Les deux victimes ont été grièvement blessées, selon les autorités.
Manifestation en vue
Près de Ramallah, un rassemblement est en train de se préparer, signale notre correspondante à Jérusalem, Muriel Paradon. Des dizaines de jeunes Palestiniens masqués de foulards et de keffiehs noir et blanc sont massés près d’un point de contrôle à la sortie de Ramallah. Ils brûlent des pneus, des poubelles, amassent des pierres et préparent des cocktails Molotov. En face, les soldats israéliens sont prêts à leur répondre avec les armes.
Ce lieu est désormais un rendez-vous quotidien de la jeunesse de Ramallah. Devraient également se joindre à eux les habitants du camp de réfugiés qui viennent d’assister aux funérailles d'Ahmad Sharaka, tué justement à cet endroit. Les affrontements y sont en général violents. Les soldats israéliens utilisent de plus en plus des balles réelles et plus seulement des balles en caoutchouc.
Le chef du service des urgences de l’hôpital de Ramallah affirme à RFI avoir recensé plus de 200 blessés par balle depuis le début des violences il y a une dizaine de jours. Lui qui a connu les intifadas les soulèvements de 1987 et 2000 ne fait aucune différence avec les violences de ce mois d'octobre. Il espère juste que la situation se calme pour ne pas voir tous ces jeunes, notamment des enfants, remplir son hôpital.