L'armée syrienne est entrée aujourd'hui à Saraqeb, une localité située à la jonction de deux axes routiers importants, au sud-est de la ville d'Idleb. Saraqeb a changé plusieurs fois de mains au cours des dernières semaines, prises par les forces de Damas, reprises par les groupes rebelles avec l'appui de la Turquie la semaine dernière et donc de nouveau contrôlée par le régime et ses alliés depuis aujourd'hui, selon plusieurs sources.
Fait significatif : la Russie a annoncé que des unités de sa police militaire se sont déployées dans Saraqeb, ce qui pourrait indiquer que Moscou verrouille désormais cette position. Selon l'OSDH, plus de 90 soldats du régime ont été tués dans les bombardements turcs depuis vendredi, tout comme 10 combattants du Hezbollah.
Une rencontre entre les présidents russe et turc est prévue jeudi 5 mars à Moscou. Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il exigerait un cessez-le-feu en Syrie. Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan soutiennent des camps ennemis sur le terrain, mais ont su se parler et même coopérer ces dernières années. C'est cette relation particulière qui est aujourd'hui mise à l'épreuve par la confrontation en cours dans la province d'Idleb. Le régime de Bachar el-Assad appuyé par les forces russes est à l'offensive depuis des mois et la Turquie a annoncé dimanche qu'elle lançait l'opération « Bouclier du Printemps » contre les forces syriennes.
Erdogan menace l'Europe de « millions de migrants »
« Bientôt, des millions » de migrants se dirigeront vers l'Europe après l'ouverture des frontières, a affirmé Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours lundi 2 mars à Ankara. Le président turc accentue la pression sur ses voisins européens afin de trouver un soutien dans ses opérations en Syrie. Une stratégie qui interroge... Des milliers de personnes se sont en effet massées ce week-end le long des 212 km de la frontière terrestre gréco-turque et notamment au poste de Pazarkule. L'Organisation internationale des migrations (OIM) a estimé leur nombre à quelque 13 000.
Ce lundi, elles continuaient d'affluer dans l'espoir de traverser, en dépit des mesures musclées prises par Athènes, dont les forces tirent des grenades lacrymogènes et utilisent des canons à eau. Selon les autorités grecques, 1 300 migrants ont par ailleurs réussi à gagner les îles de la mer Égée entre dimanche et lundi matin. Un petit garçon est mort ce lundi au large de Lesbos lors du naufrage d'une embarcation chargée d'une cinquantaine de personnes.
Dans le camp de Moria, le plus grand d'Europe, où s'entassent près de 20 000 personnes, la tension s'est encore accrue. Les demandeurs d'asile ont voulu manifester jusqu'à Mytilène, la capitale de Lesbos, pour dénoncer leurs conditions de vie exécrables. La police les en a empêchés à l'aide de gaz lacrymogènes.
La chancelière allemande Angela Merkel a jugé « inacceptable » la décision turque d'ouvrir les frontières avec la Grèce. La dirigeante allemande reproche au président turc Erdogan d'exprimer son mécontentement « sur le dos des réfugiés ». Lors d'un entretien téléphonique avec elle ce lundi soir, celui-ci a réclamé un « juste partage du fardeau » dans l'accueil des migrants, a fait savoir la présidence turque.
Réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE le 4 mars
Une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne a été convoquée mercredi 4 mars à Bruxelles pour aider la Grèce et la Bulgarie après la décision turque d'ouvrir ses frontières. « La réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de mercredi sera l'occasion d'adopter des mesures de soutien à la Grèce », a affirmé le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas dans un message sur son compte Twitter
Le président français Emmanuel Macron a souligné dimanche soir la « pleine solidarité » de la France avec la Grèce et la Bulgarie, confrontées à un afflux de migrants depuis la Turquie, et sa volonté de « leur prêter une assistance rapide et protéger les frontières » dans le cadre des « efforts européens ».
L'agence européenne Frontex lancera une intervention rapide
À la demande du gouvernement grec Frontex va renforcer ses moyens pour contrôler l’arrivée de migrants suite à la décision de Reccep Tayyip Erdogan de laisser les réfugiés quitter son pays vers l’Union européenne. L’agence européenne a déjà 400 agents sur le territoire grec. Le directeur de Frontex a lancé ce qu’on appelle une « intervention rapide aux frontières ».
► À écouter aussi : Stratégie d'Erdogan en Syrie: «une fuite en avant pour occulter des déconvenues sur le plan intérieur»