«Stop this story»: la lutte contre l’antisémitisme à l'heure d'Instagram

« Stop this story ». « Arrêtez cette histoire ». C’est le nom d’une nouvelle campagne lancée sur Instagram, le réseau de partage de photos sur Internet, pour lutter contre l’antisémitisme.

De notre correspondant à Jérusalem

La campagne « Stop this story » est née à l’occasion du 75ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz. Elle s’inscrit dans le cadre des commémorations organisées la semaine dernière à Jérusalem, et a été lancée sur Instagram par la Fondation du Forum Mondial de l’Holocauste. Cette Fondation a organisé la cérémonie de jeudi dernier, qui a rassemblé les dirigeants d’une quarantaine de pays venus affirmer leur engagement dans la lutte contre l’antisémitisme contemporain.

Cette campagne se voulait un complément de ce rassemblement de dirigeants. Dans la lutte contre l’antisémitisme, le président de la Fondation du Forum Mondial de l’Holocauste juge « essentiel » de mobiliser les dirigeants mais aussi l’opinion publique. « L’une des grandes leçons de l’histoire est, juge-t-il, que lorsque les gens s’opposent à la haine, elle peut être vaincue. »

Cette campagne a son propre compte sur Instagram. Et elle a publié une série de vidéos mettant en scène une jeune fille, au visage fermé, évoluant au fil des ans en personne âgée. Et dans chaque vidéo, derrière elle, défile un rappel historique, montrant la constance de l’antisémitisme au fil de l’histoire contemporaine. Le premier indique ainsi : 1938, 100 juifs tués, 30 000 envoyés en camp de concentration.

La dernière : 2020, montre une photo de néo-Nazis et un point d’interrogation interroge sur ce qui pourrait se passer cette année.

Une campagne appuyée par des personnalités

De nombreuses personnalités ont aussi apporté leur contribution en reprenant le logo de la campagne - une main tendue, paume en avant - sur leur compte. Ou en posant en reprenant ce geste, avec le slogan « Stop this story » écrit sur leur paume.

La campagne est relayée par des personnalités israéliennes, comme le président Reuven Rivlin, la mannequin Bar Rafaeli ou le basketteur Omri Casspi. Mais elle est appuyée également par des stars internationales non-israéliennes comme les rappeurs Snoop Dogg ou Ludacris qui cumulent à eux deux près de 50 millions d’abonnés.

Une campagne sur les réseaux sociaux, c’est aussi une façon de répondre aux messages antisémites qui y circulent. L’Agence pour les droits fondamentaux de l’Union européenne a mené un sondage en 2018 auprès de la communauté juive du continent. Et celui-ci révèle que 89% des personnes sondées estiment être confrontées à des propos antisémites sur les réseaux sociaux. L’antisémitisme en ligne est plus fort que l’antisémitisme dans l’espace public, estiment les sondés.

Sur les réseaux sociaux, la possibilité de se réfugier dans l’anonymat donne un sentiment d’impunité. Les messages de haine, y compris donc les contenus antisémites, s’y propagent aisément. Utiliser ces plateformes pour une campagne de lutte contre l’antisémitisme est aussi un moyen de se réapproprier ces outils.

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