de notre correspondant à Jérusalem,
En Israël, la loi électorale n’autorise les publicités politiques à la télévision que durant les deux dernières semaines de la campagne. Un délai que les partis et candidats n’ont pas attendu : depuis plusieurs semaines déjà, ils font leur promotion, s’attaquent mutuellement sur les réseaux sociaux. Et ces courtes vidéos sont un format très prisé par les équipes de campagne.
Particulièrement par celle de Benyamin Netanyahu, qui multiplie les attaques contre le principal rival du Premier ministre sortant, Benny Gantz, ancien chef d’état-major et à la tête d’une liste centriste. Le chef du gouvernement l’accuse de faiblesse, assure que s’il est élu, la sécurité d’Israël sera menacée par l’Iran et les factions palestiniennes.
Parfum au fascisme…
Deux vidéos diffusées par d’autres candidats ont aussi fait parler d’elles cette semaine. La première a été diffusée lundi 18 mars au soir par la ministre de la Justice, Ayelet Shaked, qui se présente sous les couleurs d’un nouveau parti : la nouvelle droite.
Quadragénaire et jeune figure de l’extrême droite israélienne, Ayelet Shaked y détourne une publicité pour un parfum. Avec des allures de mannequin, on la voit s’apprêter, descendre langoureusement un escalier, poser à côté d’un tableau et mettre un parfum baptisé « fascisme ». Les images sont accompagnées d’une musique douce et d’une voix qui susurre « révolution judiciaire, gouvernance, séparation des pouvoirs ». Ayelet Shaked conclut : « Pour moi, ça sent la démocratie ».
Elle qui se targue d’avoir réussi à nommer des juges plus conservateurs, d’avoir mis des freins à ce qu’elle qualifie d’activisme judiciaire de la part de la Cour suprême qui, selon elle, gouverne le pays en lieu et place du Parlement, raille ainsi ses opposants qui l’accusent de fragiliser les fondements de la démocratie israélienne. En se parfumant – au sens propre – de « fascisme », la ministre savait que sa vidéo ne passerait pas inaperçue. Mais elle cherchait certainement aussi cet effet, car son parti accuse une légère baisse dans les sondages.
… et assassinat (fictif) d’un député arabe israélien
La deuxième vidéo qui a marqué la semaine fait elle carrément l’objet d’une plainte en justice. Oren Hazan, élu sur la liste du Likoud de Benyamin Netanyahu en 2015, mais qui a essuyé un échec lors des primaires du parti cette année, se présente à la tête d’un petit parti. Les sondages lui prédisent une nouvelle défaite lors des législatives.
Habitué des propos outranciers, des attitudes provocatrices, il a provoqué une polémique avec sa vidéo. Le clip est un détournement d’une scène du film Le bon, la brute et le truand de Sergio Leone. Les visages des deux protagonistes sont remplacés par le sien et celui d’un député arabe israélien Jamal Zahalka. Le second y dit qu’il préfèrerait mourir plutôt que de chanter l’hymne israélien. « Si tu veux mourir, meurs. Ne menace pas de le faire » lui répond Oren Hazan qui tire alors et abat Jamal Zahalka.
Le député arabe a porté plainte auprès de la police pour incitation au meurtre et il demande au comité central des élections d’interdire la vidéo.