De notre envoyé spécial en Syrie, Noé Pignède
Des montagnes de gravats, des immeubles éventrés, des routes défoncées par les mortiers… Voilà ce qu’il reste du quartier de Al-Nahda, dans le centre-ville de Raqqa. Deux ans après la libération, la rue est presque déserte.
Seuls quelques habitants comme Tarif vivent encore ici. « Pendant les combats, tout le monde était coincé là, explique-t-il. Le quartier était assiégé et à cause des bombes, nous devions rester au rez-de-chaussée. Nous sommes l’une des dernières rues à avoir été libérées. L’immeuble là devant vous était occupé par Daech. Avant de s’enfuir, ils l’ont brûlé pour faire disparaître tous leurs documents. Les autres bâtiments ont été détruits par les bombardements. »
« Où est l'espoir ? »
Ce père de deux enfants vient de reconstruire les murs du premier étage de sa maison, mais il n’a plus d’argent pour continuer les travaux. « Ils nous ont dit que les organisations humanitaires allaient nous aider, mais en deux ans, personne n’est jamais venu, déplore Tarif. Moi, j’ai un diplôme de juriste, mais ça ne sert à rien, il n’y a pas de travail. Parfois, je fais le taxi, mais ça me permet juste de manger et de survivre. Nous n’avons plus rien. Où est la reconstruction ? Où est le travail ? Où est l’espoir ? »
Selon les autorités locales, il faudrait près d’un milliard de dollars pour reconstruire l’ancienne capitale de l’organisation État islamique et l’aide qui peine à arriver, tant la situation politique et sécuritaire demeure instable dans la région. Deux ans après la libération de Raqqa, un bâtiment sur deux est toujours à terre.