avec notre correspondant à Moscou, Daniel Vallot
La proposition de Vladimir Poutine d'une rencontre à son homologue turc témoigne de la volonté de Moscou de jouer les intermédiaires entre Ankara et Damas. Avec, comme grand objectif, d'obtenir un accord sur le contrôle de la frontière.
L’idée de la Russie c'est que ce soit le régime syrien et non les forces kurdes qui contrôlent les abords de cette frontière – cela permettrait à la Turquie retirer ses troupes. Une première partie de ce mécanisme a déjà été mise en place : c’est l’accord conclu entre Damas et les Kurdes de Syrie - Moscou doit maintenant jouer les intermédiaires entre Bachar al-Assad et Reccep Tayip Erdogan.
Moscou ne veut pas d'affrontement direct
C’est d’autant plus important que la Russie veut éviter tout affrontement direct entre l’armée syrienne et l’armée turque car il existe un scénario catastrophe pour la Russie dans la configuration actuelle : un conflit ouvert entre l’armée syrienne et la Turquie… Pourquoi ? Parce qu’alors Moscou se verrait contraint de choisir entre son allié Bachar al-Assad et un pays, la Turquie, qu’elle veut ménager, et qu’elle veut éloigner de l’OTAN.
Le risque a été évité à Manbij puisque les Turcs ne se sont pas opposés à l’entrée des troupes syriennes dans la ville. Mais ce risque existe toujours. Et si la Russie a tout à gagner dans la situation actuelle puisqu' elle a les moyens de jouer les arbitres tout en renforçant son allié syrien, elle peut aussi tout perdre en laissant entraîner dans un conflit qui serait extrêmement dangereux pour elle…