De notre correspondant à Jérusalem,
« C’est un jour de fête qui sera inscrit dans l'histoire », a déclaré le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, dimanche 16 juin 2019, lors de l'inauguration sur le plateau du Golan d'une future localité qui portera le nom du président des États-Unis. La première pierre de Ramat Trump, « les hauteurs de Trump » littéralement, a été posée dimanche sur le site d’un kibboutz qui n’avait lui-même jamais réussi à démarrer.
Pourtant, M. Netanyahu a fait les choses en grand. Le Conseil des ministres s’est délocalisé : au lieu de Jérusalem, le gouvernement s’est réuni comme tous les dimanches, mais cette fois-ci sur place. Une cérémonie éclatante, malgré tous les problèmes de sécurité que cela peut poser à quelques kilomètres seulement de la frontière avec la Syrie. Objectif : remercier le président américain après ses gestes récents à l’égard d'Israël.
Cette inauguration a lieu avant le fameux « deal du siècle », le plan de Donald Trump pour régler le conflit du Proche-Orient. M. Netanyahu a salué un grand ami d’Israël. Il a énuméré tout ce que Donald Trump a fait pour son pays : le passage de l'ambassade américaine à Jérusalem, l'abrogation de l’accord sur le nucléaire iranien, ou la position ferme des États-Unis en ce moment même suite aux incidents dans le Golfe.
Le chef du gouvernement israélien a également salué la reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, annexé en 1981. Pendant ce discours, aux côtés du Premier ministre israélien : David Friedman, l’ambassadeur des États-Unis qui propose déjà le prochain geste, à savoir l'annexion d’une partie de la Cisjordanie.
« Bienvenue à Ramat Trump, la ville qui n’a jamais vu le jour »
Il ne faut pas oublier que de nouvelles élections sont prévues en Israël le 17 septembre prochain. Benyamin Netanyahu a besoin de relooker son image après le fiasco de la dernière consultation, et le fait qu’il a été incapable de mettre sur pied une nouvelle coalition. La campagne électorale du Likoud, son parti, a été effectivement lancée ce dimanche sur le plateau du Golan. Voilà qui plaira bien sûr à l’électorat de droite.
Il ne faut pas oublier non plus les enquêtes menées sur plusieurs affaires contre M. Netanyahu. Ses déboires judiciaires ne sont jamais bien loin. Dimanche par exemple, l'événement qui a occupé toute la matinée, c’est la condamnation de son épouse Sara Netanyahu dans une affaire de frais de bouche à la résidence du chef du gouvernement. Cette cérémonie sur le plateau du Golan a donc permis un changement de décor venu à point.
On peut se demander quelle transition le Premier ministre imagine pour la rentrée, au moment de son audition dans trois affaires de corruption. On peut également se demander si cette nouvelle localité a des chances de prospérer. Ramat Trump, ce n’est pas totalement nouveau ; il y a déjà Kfar Truman, Yad Kennedy et une localité qui porte le nom de Washington. Ou encore d'autres agglomérations qui font référence aux présidents américains.
Dans l’opposition, on fait remarquer qu’un gouvernement de transition n’est pas habilité à prendre ce genre de décision, et qu’il n’y a pas de budget débloqué pour cette localité. On observe beaucoup de cynisme autour de cette inauguration sur le plateau du Golan. Voici par exemple ce qu'écrit une journaliste dans le quotidien libéral Haaretz au lendemain de l'inauguration : « Bienvenue à Ramat Trump, la ville qui n’a jamais vu le jour ».